Mais entre-temps, les salaires du mois de mai sont payés. La baisse est maintenue. Au lieu de percevoir les 1 300. 000 FCfa, ils reçoivent 800. 000 Fcfa chacun. La colère monte. Curieusement, c’est le Rdpc qui porte la bataille. Des pétitions seraient mêmes signées selon certaines sources.
Les sénateurs ont voulu rencontrer le président Marcel Niat Njifenji pour qu’il leur dise pourquoi on en est arrivé là. Le président a simplement décliné cette possibilité. Il est donc boudé. Ses discours ne sont plus applaudis. « A la sortie d’une plénière, il s’est arrêté pour saluer tout le monde. Nous sommes restés dans la salle.
Fatigué, il est parti », explique un sénateur. Mieux, les buffets sont aussi boudés. Selon plusieurs sources, cette décision de couper les « salaires » des sénateurs est prise à la présidence de la République. « La présidence de la République a demandé que les sénateurs s’alignent aux émoluments des députés », glisse un sénateur bien introduit au secrétariat général du Sénat. Et tous les frondeurs ont une cible commune : le secrétaire général du Sénat,Michel Meva’a M’Eboutou.
D’autres s’indignent de l’incohérence de la démarche. « Comment se fait-il qu’on demande à couper les émoluments alors que le budget du Sénat reste le même, soit 15 milliards 200 millions ? », s’interroge un sénateur SDF.
D’autres sources accusent l’Assemblée nationale d’avoir fourni au Sénat une vieille grille salariale. En rappel, lorsqu’on parle des émoluments, l’on fait référence au carburant, aux frais de communication etc. C’est cet ensemble qui est reversé sous forme de salaire à ces sénateurs et c’est cette rubrique qui fait problème. Les autres rubriques telles que les indemnités législatives de base, les allocations familiales, les frais de mandat ne sont pas concernées.
Selon les sénateurs, ils ne doivent normalement pas avoir les mêmes droits que les députés parce qu’ils sont moins nombreux : 100 contre 180 députés. Mais les problèmes entre le Sénat et l’Assemblée nationale sont en fait profonds. Ils datent de novembre 2013 lors du vote du budget. Les députés avaient alors exigé que les sénateurs viennent défendre eux-mêmes leur enveloppe. Chose qu’ils ont refusé.
Au-delà de l’argent, pomme de discorde au sein de cette institution, le Senat n’a pas encore un siège fixe et squatte le Palais des congrès. Ses premières plénières avaient été organisées à l’Assemblée nationale.
Puis, il s’est déporté au Palais des congrès avec son administration. Une administration qui ne fonctionne que lors des sessions. Les bureaux sont fermés pendant les intercessions. Une partie de ce personnel se plaint de l’absence d’un contrat qui les lie avec l’institution. En ce moment, le Sénat a pris ses quartiers dans l’immeuble qui abritaient les services de ’Armp. Ils ont déménagé à la suite d’une sommation de la direction générale du Palais des congrès.
L’on saura plus tard que la raison officielle, c’est la réfection du local. Reste à savoir si après les travaux, Niat et ses collègues pourront revenir. Mais la session en cours se déroule justement au Palais des congrès.
Avec ces multiples problèmes, certaines voix commencent à se lever pour demander à quoi sert véritablement le Sénat. Il est vrai qu’il complète une disposition constitutionnelle qui date de 1996. Au de la de la forme, cette chambre paraît quasi-inutile. A savoir que le Sénat coûte au contribuable camerounais, plus de 15 milliards de Fcfa chaque année.
Dans tous les cas, l’une des missions du Sénat, c’est de jouer le rôle de « sage » au sein du parlement de telle sorte que si une loi est votée à l’Assemblée nationale, la chambre haute peut demander aux députés de procéder à un nouvel examen. Or, depuis trois ans, les projets de loi passent comme une lettre à la poste.
Les sénateurs censés représenter les collectivités territoriales décentralisées le font-ils ?
Difficile de répondre par l’affirmative sauf à croire qu’ils le font en cachette.
© Le Jour : Younoussa Ben Moussa
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