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Edouard Kingue : LE «NOTAIRE» DU PRÉSIDENT

Une chose au moins est claire désormais dans la lecture du jeu politique actuel, qui ne brille pas par sa clarté : l’affirmation faite il y a moins d’une vingtaine d’années, que « le Cameroun se fera avec l’Ouest ou ne se fera pas », trouve enfin son début de réalisation politique, après de longues périodes  de désamour.
On se souvient qu’au tout début de l’ère du Renouveau, le secrétaire général du gouvernement concentrait entre ses mains et en toute confidentialité  tous les pouvoirs ou presque. Quitte à lui de discriminer ce qui devait être porté à l’attention du chef de l’Etat. Il s’appelait…Jean Nkuete. Des fuites malencontreuses, -d’autres diraient des dérapages contrôlés- contribuèrent à dévoiler «le pot aux roses», par la publication dans le très officiel Cameroon-tribune, de cette importante et inédite délégation de pouvoir présidentiel, pourtant classée secret-défense. Au sortir d’un putsch manqué précédé de la découverte d’un «complot» contre la sûreté de l’Etat, le Renouveau cherchait alors ses marques. Mais ceux qui estimaient que c’était leur tour de gouverner veillaient au grain et n’étaient pas prêts à partager, ni à laisser d’autres que les membres du ‘pays organisateur’ contrôler l’appareil de l’Etat.
Le Cameroun se fera avec l’Ouest ou ne se fera pas, disait le président de la République à Bafoussam à la veille d’une élection présidentielle de toutes les émotions.  La réponse lui parvint par un maigre butin de 10% incompatible avec sa main tendue à une région qui avait jeté son dévolu sur le Sdf. « Politik na jangui». Les apparatchiks du régime tirèrent alors  les conclusions qui s’imposaient, croyaient-ils : « un bamiléké à Etoudi », jamais, dira intempestif, Joseph Owona, alors tout puissant secrétaire général à la présidence de la République.
Venant d’une personnalité qui se prenait pour le président «technique», interprété comme le point de vue officieux du pays organisateur,  le message fut reçu 5 sur 5 et fit croire que l’Ouest était rayée de l’agenda politique du Renouveau.  Cette bruyante et insolente affirmation servit de prétexte pour une levée de bouclier des leaders autoproclamés de la « grande tribu» qui, ruant sur les brancards, firent valoir que ceux qui détiennent les leviers de l’économie doivent également contrôler les leviers politiques, à tout le moins en partager les bénéfices. C’était sans compter avec le président de la République, grand maître du temps et du silence, qui se révèle aujourd’hui, toutes proportions gardées,  comme un «stratège hors pair», bien au fait des réalités de son pays, ne se laissant pas gouverner par l’émotion, encore moins par des états d’âme. Sous ce point de vue, il a été presque rarement pris à défaut. Aurait-il, en définitive, contrairement aux analyses des observateurs, les qualités d’homme d’Etat que l’on tardait à lui reconnaître ?
« Il n’y a pas de Camerounais à part, mais des Camerounais à part entière », aimait-il à dire. Assurément l’homme est au dessus de ses rivaux  politiques, qu’il a usés sur la distance…
Est-ce pure coïncidence que Jean Nkuete revienne au premier plan en «contrôlant » l’appareil politique et que la deuxième personnalité du pays soit justement le centralien Niat Njifenji, un autre fils de l’Ouest ? Est-ce pure coïncidence que ces deux personnalités ne soient pas issues des pistes caravanières où se meuvent les gourous de la grande tribu, qui réclament  à hue et à dia, la part de lion du gâteau national, fort d’une supposée puissance démographique et économique ?
En renvoyant à leurs chères études les observateurs aux théories les plus déraisonnables, le président vient de déplacer les lignes de forces vers des équations à plusieurs inconnus dont il est seul à détenir le secret. Mais le contexte actuel pousse à s’interroger sur la finalité du «tout politique» où le président semble exceller, en lieux et places du développement économique du pays qui ne laisse augurer d’aucune amélioration à moyen terme. «Son gouvernement, son parlement, sa Cour suprême sont certainement les moins lucides et les moins réalistes du champ politique aujourd’hui », tranche Vincent Sosthène Fouda qui reproche au président « de n'avoir pas fait campagne, de n’avoir rien expliqué ni à son appareil d’Etat, ni au peuple de qui semble-t-il tenir son mandat ». Et de s’interroger : « Où est passée l’amélioration de l’efficacité du marché de l’emploi annoncée dans le Dsce ? Où est passée la gouvernance et la gestion stratégique de l’Etat » ?
De son côté, dans sa 6e lettre, Marafa Hamidou Yaya qui sait de quoi il parle interpelle le président : «Or, les avis sont unanimes – y compris le vôtre, si je me souviens bien -   pour désigner l’immobilisme comme la marque du Cameroun. En témoigne en particulier le retard pris dans la réalisation des travaux d’infrastructure et dans le lancement des grands programmes de lutte contre la pauvreté, pourtant budgétisés et financés ».
L’ex-ministre d’Etat continue : «Le véritable enjeu, c’est de prendre conscience que nous sommes dans une période exceptionnelle de l’histoire de notre pays : au cours des 15 prochaines années, la transition démographique portera la population à 35 millions. Pour faire face aux défis que ce bouleversement va entraîner, le Cameroun doit se doter d’institutions adaptées à notre culture qui favorisent en même temps l’efficacité gouvernementale et l’avènement d’une société de confiance, cadre indispensable à la prospérité et à la stabilité».
Le développement économique semble donc être dans le cirage. En politique les cartes demeurent brouillées. A dessein ? D’où sortira le dauphin de cette transition qui s’annonce sous des augures empreints de mystères? Le tout premier président du Sénat, qui apparaît à première vue comme le « notaire» politique du président, avec entre les mains des cartes plus ou moins maîtresses, est-il détenteur d’un « contrat» pour la prochaine République ?
La devise Noblesse-Dignité-Elégance (Ndé) va-t-elle se transformer en «Ndep», Noblesse-Dignité-Elégance et…Pouvoir ? Du côté de Bangangté, à cheval entre les savanes boisées du Nord et les montagnes de l’Ouest, rêve et réalité s’enchevêtrent…et la kola se partage entre jubilation et  expectative...
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