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Climat des affaires: Ce qui ne va pas par Rousseau-Joël FOUTE

Le 6 mars dernier à Douala, lors de la cinquième édition du Cameroon Business Forum (CBF), cadre de dialogue entre les pouvoirs publics, les opérateurs du secteur privé et les partenaires au développement, il a encore été question du climat des affaires, qui décrit l'environnement dans lequel les entreprises exercent leurs activités. En théorie, dans un pays donné, si ce cadre est favorable, cela va booster les investissements (intérieurs et extérieurs). Les entreprises vont s'y sentir à l'aise et prendront le risque d'y investir massivement et, ce faisant, elles vont y créer des richesses et des emplois, contribuant de ce fait à l'augmentation du taux de croissance et à la réduction de la pauvreté par la redistribution des revenus. 

Or, au Cameroun, il se trouve que le climat des affaires pose toujours problème. En atteste, la contre-performance du pays dans le passement Doing Business 2014 de la Banque mondiale. En effet, comparé au rapport 2013, le Cameroun passe de la 162e place (sur 185 pays classés) au 168e rang, cette fois, sur 189 pays et affiche zéro au chapitre des réformes. A travers ses indicateurs, Doing Business, qui sert d'instrument d'aide à la décision pour les investisseurs, mesure et suit l'évolution des réglementations applicables aux petites et moyennes entreprises des plus grandes mégapoles d'affaires de chaque économie (Douala pour le Cameroun) et ce, sur 10 étapes de leur cycle de vie: création d'entreprise, obtention des permis de construire, raccordement à l'électricité, transfert de propriété, obtention de prêts, protection des investisseurs, paiement des taxes et impôts, commerce transfrontalier, exécution des contrats et règlement de l'insolvabilité. Bien plus, il ressort du rapport thématique du recensement général des entreprises (novembre 2011) que 52,4 % des chefs d'entreprises ont une mauvaise opinion sur l'environnement des affaires au Cameroun. 

Pendant la 5e session du CBF justement, l'on a déploré le fait qu'au Cameroun, le fléchissement de l'élan réformateur en 2013 a débouché sur une rétrogradation du pays dans l'index «Doing Business». Le rapport d'étape des activités du CBF le confirme. Il 'en ressort que le rythme de mise en œuvre est relativement faible: sur les 49 recommandations adoptées en 2013 couvrant 13 chantiers, dont 25 étaient nouvelles et 20 objets de reconduction, l'exécution de 20 est effective, 17 sont en cours, 8 ont été requalifiées ou annulées et 4 demeurent lettre morte. 

Manifestement, le Cameroun a du mal à lever les entraves aux activités économiques. Le Business Climate Survey effectué en 2011 avait déjà permis d'avoir une photographie des préoccupations du secteur privé. Il ressort de cette enquête que huit entreprises sur dix déplorent les charges liées au fisc; la moitié des entreprises déclare que les services de transport routier, par leur coût et leur qualité, ont une incidence défavorable sur leurs affaires; un opérateur économique sur deux décrie la cherté de l'accès à l'électricité ainsi que les pertes liées aux coupures de l'énergie électrique; deux tiers des entreprises déclarent que les coûts des services de télécommunications sont élevés et alourdissent leurs coûts d'exploitation; un opérateur économique sur deux affirme avoir consacré au moins 12 jours dans les rencontres avec les services des impôts; 50% des entreprises se plaignent des délais prolongés de paiements de leurs factures, tant pour les prestations au public qu'au privé; 45% des entreprises déclarent avoir passé plus de 90 jour d'attente pour que la justice rende le verdict; près de la moitié des opérateurs économiques estime que l'accès à la propriété foncière demeure une contrainte à la réalisation des affaires au Cameroun; le tiers des entreprises indique que les coûts et la qualité des services des transports ferroviaires ont un impact néfaste sur leurs affaires, etc. 

Cette situation est lourde de conséquences. Dans son message à la Nation le 31 décembre 2013, le Président Paul Biya constate que les efforts du Cameroun, aussi louables soient-ils, ne suffiront pas, à leur rythme actuel, pour qu'il devienne un pays émergent à l'horizon 2035. En cause, entre autres, le taux de croissance qui n'est pas suffisamment élevé. En 2013, il affichait 4,8%, en deçà des prévisions qui étaient de 6,1%. En 2012, 4,6%, contre 4,1% en 2011. Si l'objectif visé n'a pas été atteint, l'an dernier, il faut questionner l'investissement, reconnu comme le moteur de la Croissance économique. Sur ce point, le Chef de l'Etat note que l'investissement privé — la principale composante à côté de l'investissement public — demeure, quant à lui, insuffisant. Il ajoute immédiatement que nous devons encore améliorer le climat des affaires. Le fait d'évoquer ces deux aspects, l'un à côté de l'autre, n'est pas anodin car il y a une forte corrélation entre le climat des affaires et l'investissement privé en particulier. L'amélioration du climat des affaires étant un chantier déterminant pour l'avenir du Cameroun.
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