Parlement, amendements constitutionnels, Conseil constitutionnel, remaniement ministériel, etc.
Le Chef de l'Etat s'est enfermé depuis le 02 mars dans ses appartements privés de Mvomeka'a, son village natal.
Les Camerounais n'en finissent plus de ronger leur frein, dans l'attente des profondes mutations qui intéressent la vie sociopolitique du pays. Notamment, depuis la fin du cycle électoral de 2013. Depuis surtout le discours vérité présidentiel du 31 décembre de la même année, message prolongé par ceux du 10 février à la Jeunesse et du 20 février à la nation, lors de la cérémonie commémorative du Cinquantenaire de la Réunification à Buea.
La question qui n'arrête plus de tarauder les esprits est celle de savoir ce qu'on peut attendre de son retour, logiquement redouté à Yaoundé, la capitale d'un Chef d'Etat qui depuis dimanche dernier, a souverainement choisi de se retirer chez lui. Le successeur d'Ahmadou Ahidjo est seul à Mvomeka'a, seul face à sa conscience, seul face à l'histoire, seul face à Dieu.
Comme pour souligner le caractère inédit de ce retrait en solo, le Président de la République est sans son ombre, en l'occurrence son épouse Chantal Pulchérie Biya. Pareillement, il a laissé de côté, ses proches collaborateurs habituels, qui souvent, sont présentés à tort ou à raison comme des faiseurs de rois. Paul Biya est uniquement assisté et à bonne distance, par un service de sécurité allégé. Des sources généralement bien informées indiquent que le Chef de l'Etat aurait sur sa table, d'importants dossiers.
Le prince aurait, cette fois, décidé de les traiter avec pour seuls juges, sa conscience et son intime conviction. L'on pense alors, au regard du contexte, que les dossiers qu'il est entrain de (re)traiter, seraient relatifs à la réorganisation et la formation d'un nouveau gouvernement, la formation très attendue des bureaux de l'Assemblée nationale et du Sénat, à la relecture ou à la réécriture des textes qu'on annonce d'une importance capitale, projets de lois à soumettre à l'examen et au vote des deux chambres du Parlement, pour la session de mars qu'on dit de tous les dangers et qui débute le 11, selon les communiqués officiels publiés à cet effet et à la nomination des membres du Conseil constitutionnel.
Cet enfermement du Chef de l'Etat face à sa seule conscience, s'il est justifié par la détermination de Paul Biya à opérer une recomposition politique en profondeur et en adéquation avec ses prises de parole suscitées, serait aussi, selon les mêmes sources, la résultante de la colère qu'aurait piquée le Président de la République, suite à la tentative de falsification par un certain entourage, d'un projet de décret portant formation du gouvernement préparé au lendemain du double scrutin du 30 septembre 2013. Sans oublier les nombreuses fuites, lesquelles auraient fortement compromis le caractère discrétionnaire que Paul Biya aime conférer à ce genre d'actes.
Ce retrait solitaire, ce n'est pas sa marque déposée, dans la formation des gouvernements, est géré au quotidien, dans une rigueur quasi-rituelle: l'appel à Dieu dès le réveil à travers une longue prière, laquelle est suivie par des activités agricoles et sportives, relevant des passions du Président, le petit-déjeuner à base d'aubergines et de citronnelle et le long enfermement dans les appartements privés. Le Cameroun vit dans l'attente du tsunami. Coupé de tout et de tous, le Président Paul Biya pourrait-il en effet servir autre chose au peuple camerounais? L'on peut bien se permettre d'en douter.
Par Nadine Bella pour la Méteo
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