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Le regard socioculturel porté sur la stérilité ! par Florence TSAGUÉ

Le souhait d´un enfant non-accompli reste pour de nombreux couples ou personnes une source d´angoisse.

C´est difficilement qu´on envisage l´anomalie chez l´homme et qu´on considère son mode de vie et les facteurs psychologiques auxquels est exposé le couple. La femme se retrouve vite dans le collimateur de la famille et souvent seule à se soumettre à un traitement tant chez les médecins que chez les tradipraticiens.

Souvenez-vous du personnage de Mitoumba (Ebénézer KEPOMBIA) dans la série "Foyer polygamique" qui après la naissance de son premier enfant tant attendu, exprime son bonheur et le soulagement d´avoir échappé au sort de "solitude" post mortem qui serait réservé aux personnes sans enfants dans sa culture: être enterré avec un morceau du "tronc" du bananier dans la main. Beaucoup de personnes concernées sont exposées au regard social et familial, abandonnées à elles-mêmes, sans encadrement psychologique.


À la femme sans enfants, on colle ces étiquettes qui vont de la jalousie, du mauvais sort, à la méchanceté envers les enfants. Et pourtant, combien de ces parents n´ont-ils pas élevé de nombreux enfants de la famille ou de la communauté pour faire d´eux des citoyens responsables? D´ailleurs leur implication dans l´éducation et la construction de l´identité des enfants placés sous leur tutelle a fait d´eux des parents par excellence. Ceci démontrant que ce sont les droits, les devoirs et les défis liés à la parenté qui confèrent à un individu le statut de "Mo´ohmoh/Miahmoh" (le père de l´enfant/la mère de l´enfant) au point qu´on dirait:«on ne naît pas parent, on le devient». À travers l´éducation inculquée à l´enfant, une éducation qui répond aux normes et aux valeurs de la société, l´individu semble laisser ses marques sur terre et accomplir son devoir, à savoir contribuer à la survie de l´espèce humaine.

Que les causes de la stérilité soient biologiques ou psychologiques, qu´on soit "sans enfant par choix ou par contrainte", les adultes approchant un certain âge, particulièrement les couples, sont exposés à une kyrielle de préjugés et de jugements socioculturels interrogeant leur passé, le statut social et l´héritage. Un adage camerounais ne dit-il pas que l´enfant c´est l´espoir de ce monde? Cette place qu´occupe l´enfant chez l´individu, au sein de la famille et dans la société est d´autant plus cruciale que celui-ci se veut non seulement une source de fierté et d´épanouissement, mais aussi un garant de la continuité et de la survie.

La paternité/la maternité, comme le mariage, l´héritage…, fait partie de ces différentes étapes de la vie qui contribuent à changer le statut de l´individu dans plusieurs sociétés. Ainsi, le désir non accompli d´avoir ses propres enfants, peut dans un contexte où la pression sociale et familiale est forte, causer des problèmes existentiels chez les personnes concernées. Alors, il devient difficile pour ces dernières d´assumer leur choix ou d´accepter les contraintes biologiques afin de mener une vie comblée. Là où le rêve d´avoir ses propres enfants n´a pas été exhaussé, beaucoup peinent à prendre le courage à deux mains et à opter pour l´éducation ou l´adoption d´un enfant.


Quel rôle joue la paternité/maternité dans la construction identitaire des parents dans nos sociétés? L´adoption d´un enfant hors de la famille, voire hors de l´espace socioculturel est-elle tolérable, sinon tolérée, dans nos sociétés? Peut-on changer le regard socioculturel porté sur la stérilité?

Florence TSAGUÉ
Auteure du roman "Femmes connues, coépouses inconnues"
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