Un bâtiment décoiffé de son toit. L'eau de pluie qui suinte et dégouline à travers des murs fissurés et noircis. C'est cette physionomie pas très plaisante que l'incendie survenu le 14 avril 2014, a laissé aux locaux abritant habituellement la mairie de Yaoundé 6ème. Une véritable désolation qui a obligé le maire Paul Martin Lolo, à procéder à un déménagement pour un site provisoire du côté du lycée d'Etoug-Ebé. Toutefois, l'on n'arrête pas de pérorer sur cet incendie placé désormais sous le feu des soupçons d'une main criminelle. Pour étayer la thèse d'un acte de pyromanie prémédité, les constats de la police scientifique déployée sur le terrain après l'incendie relèvent quelques coïncidences troublantes : les différents disjoncteurs n'ont pas bougé d'un pouce malgré la violence des flammes; l'endroit d'où serait parti le feu n'était pas facilement identifiable. Alors question : qui avait intérêt à mettre le feu dans les locaux de la mairie? Pour tenter de répondre à cette question, nous plantons ici un décor qui met en évidence 2 factions. On a d'un côté le clan proche de l'actuel maire, Paul Martin Lolo, qui pointe un doigt accusateur sur les affidés du défunt maire Jean Claude Adjessa Melingui, très actifs depuis le décès de leur mentor.
Dans l'entourage de Paul Martin Lolo en effet, on pense que ce n'est pas du tout un fait de hasard si, convoqués à la direction de la police judiciaire quelques jours après l'incendie, des personnes présentées comme des partisans du maire défunt ont été entendus par le commissaire Mbassi pendant de longues heures. Bien avant cela, l'on parlait du dossier des acquisitions du marché des Acacias où les proches de l'ancien maire se seraient sucrés. Avec des situations où l'on retrouve des commerçants sans boutiques alors que de fortes sommes d'argent ont été versées. Dans la même foulée, l'on apprend que l'incendie des locaux de la mairie intervient au moment où Paul Martin Lolo s'apprêtait à voir clair sur des recrutements fictifs qui sevraient la mairie de précieux Fcfa.
Des sources policières, l'on apprend qu'Achille Atanga, ex-chef service financier sous le magistère de Jean Claude Adjessa (c'est lui qui aurait géré le dossier d'attribution des boutiques au marché des Acacias), Jacques Yocki Onana, opérateur économique, conseiller municipal, président de la section Ojrdpc du Mfoundi 6 et actuel 2ème adjoint au maire de Yaoundé 6ème et Mme Fanta, ex-receveur municipal aujourd'hui à la retraite, ont été interrogés de fond en comble. Tout comme l'actuelle Sg et le nouveau chef service financier, Ndongo Nti dont les bureaux ont été sinistrés. Il s'agissait pour les fins limiers de la police d'établir le lien entre les soupçons de malversations des proches de l'ancien maire ayant eu libre cours du vivant de Jean Claude Adjessa Melingui et l'incendie comme élément dissimulateur des preuves de leurs forfaits. Parmi ces proches de l'ancien maire, nos sources policières révèlent d'autres noms tels que les conseillers municipaux Mbassi (tel 97 25 01..); Raphaël Tabi (tel : 77 75 18..) et bien d'autres tel que Ndzibi (tel : 99 82 85..) présentés comme des irréductibles de Jean Claude Adjessa Melingui. Joint au téléphone le 2 mai 2014 à 8h33mn, le conseiller Mbassi est formel: «Je n'ai jamais pris un marché à la mairie. Par contre j'ai plutôt apporté beaucoup d'argent à travers la coopération décentralisée». Quant au conseiller Ndzibi, il voit derrière cette histoire, un montage pour le salir. Dans l'entourage de Raphaël Tabi que nous n'avons pas pu joindre au téléphone, l'on indique qu'en sa qualité d'opérateur économique, il aurait passé quelques marchés sous Adjessa. C'est lui qui aurait par exemple livré un pick-up de seconde main à la mairie. S'agissant de Jacques Yocki Onana, opérateur économique, il a confié à notre reporter que sous Jean Claude Adjessa Melingui, il n'aura bénéficié que d'un marché de 2 millions de Fcfa dont la marge bénéficiaire atteignait à peine 500 000 Fcfa. C'était en réalité une manière pour l'ancien maire, parrain de son mariage, de lui venir en aide.
800 boutiquesCependant, cuisinées par le haut gradé de la direction de la police judiciaire, les personnes présentées comme des proches du défunt maire se sont défendus en démontrant que Paul Martin Lolo aurait pu avoir intérêt de voir les locaux de la mairie se décimer sous les flammes. C'est ainsi que l'on apprend que Paul Martin Lolo, aurait oublié qu'il a d'abord collaboré avec Achille Atanga, l'ancien chef service financier de l'ère Adjessa. A la police judiciaire, celui-ci aurait démontré, preuves à l'appui, comment le nouveau maire s'est servi dans les caisses de la commune, en tentant de faire de lui son complice. Selon nos sources, il aurait confié aux enquêteurs que lors de la célébration du 6 novembre 2013, Paul Martin Lolo aurait par exemple ordonné un décaissement de 4 millions de Fcfa pour appuyer l'organisation pratique des festivités de sa formation politique, le Rdpc. Seulement à l'arrivée, il n'aurait déposé sur la table qu'une modique somme d'un million de Fcfa, indiquant au passage que c'était une contribution personnelle. Au cours de la célébration de la dernière fête de la jeunesse, près de 12 millions de Fcfa seraient également sortis des caisses de la mairie, à la demande du maire Paul Martin Lolo. Selon les déclarations faites par les personnes interrogées à la Pj, les jeunes du Rdpc auraient reçu en tout et pour tout 2 millions de Fcfa. 4 millions de Fcfa auraient servi au financement d'autres activités dans l'arrondissement et le reste aurait pris une destination inconnue.
Le plus intéressant serait, selon les sources policières, le renouvèlement des contrats des commerçants avec la mairie. L'actuel maire aurait exigé la somme de 10 000 Fcfa par commerçant qu'il faut multiplier par près de 800 boutiques que compte le marché des Acacias... L'argent perçu de ces renouvèlements de contrats aurait directement atterri sur la table de Paul Martin Lolo. Les reçus délivrés pour la circonstance étaient établis non sur les documents financiers de la mairie, mais plutôt sur des papiers volants. Davantage, nos mêmes sources policières indiquent que les personnes interrogées auraient montré que les trafics autour de la perception de la taxe sur le développement local auraient permis au nouveau maire de se faire du beurre, alors même que ladite taxe prélevée lors du paiement de l'impôt libératoire devrait être reversée dans les caisses de la Communauté urbaine de Yaoundé. En lieu et place des carnets de quittances de la mairie, les contribuables se seraient vus établir des reçus sur des papiers n'ayant rien à avoir avec les documents comptables de la mairie. Somme toute, l'économie des accusations et des auditions des suspects cache finalement un malaise profond au sein même de l'exécutif communal de Yaoundé 6ème avec des ondes sismiques qui parviennent déjà au Comité central du Rdpc.
Dans cette affaire des dessous de l'incendie des locaux de .la mairie de Yaoundé 6ème, certains commentateurs relèvent que tout se cristallise finalement autour de la guéguerre entre le 2ème adjoint au maire, Jacques Yoki Onana et le maire titulaire Paul Martin Lolo. L'on indique même que l'animosité entre les 2 élus serait montée d'un cran au point où certains qui auraient montré leur proximité avec le 2ème adjoint, se sont vus suspendre de leurs fonctions. Il s'agit, selon nos sources, d'Effa Essomba, Mireille Eyenga, Pierre Désiré Mvondo et bien d'autres. Par ailleurs, indiquent nos sources, il est arrivé à Paul Martin Lolo de nommer un certain Marc Léopold Odi au poste de chef de bureau de recouvrement et de le démettre quelques heures plus tard parce que certains, manipulateurs auraient confié au maire qu'il est un affidé de feu Jean Claude Adjessa Melingui. Finalement indique-t-on, c'est Louis Nicolas Tabi, l'un de ses proches qui sera nommé. Aux dernières nouvelles, le préfet du département du Mfoundi serait saisi et devrait rencontrer les 2 factions belligérantes dans les tout prochains jours pour ramener 13 sérénité à la mairie de Yaoundé 6ème.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Laissez nous un commentaire sur cet opinion.