D’aucuns répondrons par l’affirmative en alléguant la nécessité impérieuse de protéger nos frontières contre toute menace étrangère. Toutefois, l’urgence du moment et l’asymétrie d’une telle guerre nous imposent à prononcer un non sans réserve.
Qu’en est-il de l’urgence du moment ?
En effet, vous deviez savoir que depuis les émeutes de février 2008, suite à l’augmentation des prix du carburant, le gouvernement avait pris la résolution de geler les prix du carburant à la pompe en supportant via les subventions le différentiel entre le prix sur le marché international et le prix pratiqué à la pompe. D’après les études, en l’absence des subventions étatiques, les prix du super voire du gasoil passeront du simple au double par rapport aux prix actuellement pratiqués à la pompe (exemple pour le litre du super, le prix passera de 569FCFA à 1138FCFA). Alors figurez-vous que dans le budget 2014, le poste de subventions aux carburants nécessite 450 milliards de FCFA et pourtant comme ressources, le gouvernement n’en dispose que 220 milliards de FCFA d’où un déficit budgétaire de 230 milliards de FCFA.
Il faut dire que ce déficit n’est pas une première, par les années antérieures, le gouvernement a su combler ce déficit en s’endettant. Mais en 2014, la difficulté de financer ce déficit s’amplifie à cause de la guerre déclarée contre boko haram qui nécessite d’énormes moyens humains, matériels et surtout financiers. Cette guerre génère des dépenses extraordinaires, c’est-à-dire des dépenses non prévues dans le budget. Il faut savoir que la question de défense nécessite des moyens financiers énormes, lesquels moyens financiers ne sont pas nécessairement examinés, appréciés et approuvés par le parlement. Ainsi l’Etat du Cameroun n’a pas encore renouvelé voire tarde à renouveler les contrats avec des personnes physiques et morales intervenant dans la chaîne d’acheminement des produits pétroliers.
Ce qui se dénote à présent par une pénurie du super voire du gasoil à la pompe. C’est dire que les priorités ont été mal calibrées, car en privilégiant la protection de nos frontières, la menace d’une paix intérieure est imminente. De plus, il convient de préciser que depuis 2009, les bailleurs de fonds (FMI et Banque Mondiale) maintiennent une pression incessante sur l’Etat du Cameroun quant aux subventions des prix du carburant. Le FMI et la Banque Mondiale recommandent la suppression pure et simple des subventions aux prix du carburant. Ce qui serait une décision lourde de conséquences néfastes si l’Etat du Cameroun venait à céder à une telle recommandation.
Qu’en est-il de l’asymétrie de la guerre contre boko haram ?
Une guerre asymétrique se traduit par la difficulté d’identifier avec précision l’ennemi ou les ennemis, de fait, les ennemis sont partout et nulle part. Le mode opératoire de boko haram tire sa force de la capacité de ses membres à se diluer dans la population civile. Ce qui se traduit par une difficulté extrême de l’armée camerounaise à combattre sur le terrain. Cela va de soi que la fin d’une telle guerre n’est pas envisageable dans un proche avenir.
Conclusion
Au final, l’urgence du moment était aux subventions des prix du carburant, gage de sauvegarde de la paix et de la stabilité intérieure ; et non à la guerre contre boko haram. De plus, l’ennemi est difficilement identifiable, d’où la difficulté exacerbée de nos forces sur le terrain. Au Cameroun, il est commun de constater que beaucoup d’efforts et de moyens sont concentrés là où il en faut moins, et là où le besoin s’avère impérieux aucun effort n’est concentré. D’où la nécessité impérieuse de recalibrer les priorités si nous voulons éviter les pires convulsions politiques, économiques et sociales dans le proche avenir.
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