Le retard chez les compatriotes de la Diaspora. Nous sommes le 20 mai. Dans beaucoup de grandes villes allemandes, les associations camerounaises célèbrent cette date importante de l´histoire de notre cher pays. Une occasion pour conjuguer les synergies, faire connaître les potentiels de la communauté et lui tailler une place dans la société d´accueil. Les communautés camerounaises étant constituées en majorité des étudiants, les rapports avec les universités et les services de la vie étudiante s´avèrent primordiaux. C´est ainsi que les représentants de ces institutions et les autorités de la ville sont généralement invités à cette occasion.
Le défilé de mode, la présentation du pays des Lions Indomptables, le théâtre, les richesses et bien entendu l´art culinaire de l´"Afrique en miniature" sont à l´ordre du jour. Un programme bien concocté qui malheureusement ne trouve pas toujours l´écho escompté, à cause de notre retard notoire dans le déroulement des activités. L´évènement annoncé pour 20 heures, démarre plus tard à 22 heures. Les délicieux mets finissent par se refroidir et les invités se morfondent dans leur coin. Il est curieux de constater que certains compatriotes vivant dans les cités estudiantines où tiennent lieu de telles activités, font leur apparition à la fin de l´évènement, par curiosité ou tout simplement pour s´assurer de l´échec de la chose surtout lorsqu´ils sont en désaccord avec les organisateurs ou avec le concept.
Face à la mauvaise organisation, à la sous-estimation du travail et à la main d´œuvre insuffisante, on trouve vite le responsable de son mauvais agenda: l´"heure de l´africain". À tous les niveaux de nos structures, ce temps sert de fil conducteur et de d´alibi pour tout manquement: des marraines et des parrains qui arrivent en retard à l´église le jour du baptême de leur filleul; l’hôte de l´anniversaire qui exige la ponctualité à travers le billet d´invitation, cependant fait son entrée avec deux heures de retard; les chargés de la gastronomie qui sous-estiment la tâche à eux assignée et livrent la nourriture avec trois heures de retard. Tous ces facteurs contribuent à semer un climat de morosité chez les invités et une mauvaise humeur chez les organisateurs qui se montrent irrités et laissent les invités à leur compte.
Il est vrai que l´africain et l´européen entretiennent de rapports différents avec le temps. Pour le premier, le temps étant une catégorie relative, intérieure et flexible, c´est l´homme qui le définit et le façonne selon ses besoins et les évènements. Tout jeune africain qui pose pour la première fois son pied sur le sol européen, reste abasourdi face à la course effrénée des passagers dans les gares, derrières les bus. Tout compte fait, il va vite intégrer le temps
linéaire européen dans son univers, apprendre à se présenter aux rendez-vous à l´heure exacte, sinon il lui sera étiqueter le manque de sérieux et de respect. Il ne pourra pas conserver son travail s´il fait montre d´un retard répétitif. Quand il est de retour dans le cercle familial ou au sein de la communauté, il renoue vite avec ses vieilles habitudes et remet la pendule à notre légendaire "heure africaine".
Si notre rapport assez serein et flexible avec le temps nous laisse une marge dans l´organisation de nos activités et fait de nous des maîtres et non des esclaves du temps, il reste cependant capital d´honorer par la ponctualité et par la participation active nos propres activités et celles de nos communautés.
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