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OPÉRATION EPERVIER:QUAND LE ROULEAU COMPRESSEUR BROIE SES VICTIMES par Edouard Kinguè

Le ‘rouleau compresseur’, inventé par le régime au pouvoir est réputé être une technique d’acharnement politico-judiciaire qui tourne à plein régime au Cameroun. Cette dangereuse machine à broyer l’homme, se révèle d’une redoutable efficacité, de l’opération Epervier au complot supposé des nordistes contre le système. Bien huilée, elle  continue à faire des victimes dans les rangs de ceux qui sont liés directement ou indirectement aux cercles du pouvoir. Les têtes à couper sont légions et dans son œuvre de ‘salubrité politique’,  la machine n’est pas prête à s’arrêter en si bon chemin… Enoh Meyomesse, Marafa Hamidou Yaya, Me Harissou, Aboubakar Sidiki…A la trappe.
 Le notaire Harissou est en train de l’expérimenter à ses dépens. Apres un mois de détention au secret, il vient d’être traduit devant le tribunal militaire qui a retenu contre lui, selon nos confrères du Journal ‘Le Jour’, entre autres, le crime «d’outrage au président de la République ». Le message est clair, la presse qui travaille essentiellement avec du matériau sensible, tel que l’écrit, la parole ou l’image, devrait y regarder de très près avant de se lancer dans un commentaire politique qui concernerait le chef de l’Etat. Encore que pour qu’il y ait outrage, il faut que l’infraction, adossée sur l’intention délictuelle,  soit matérialisée. Pour le cas d’espèce, notre confrère fait état de sms ou de mail, entre Me Harissou et des journalistes. Ce canal privé  par excellence, aurait servi à commettre l’outrage, notion large s’il en est, comme l’atteinte aux bonnes mœurs ou les troubles à l’ordre public, dont l’interprétation est aux bons soins de celui qui l’apprécie.

S’agissant de l’outrage, on le sait, est une offense constituant une atteinte à l'honneur, à la dignité ; un affront, voire une injure. Elle est comprise comme «parole, geste, menace, écrit ou dessin, envoi d'objet, de nature à porter atteinte à la dignité ou au respect dus à un magistrat, à une personne siégeant dans une juridiction, à un dépositaire de l'autorité ou de la force publique dans l'exercice de ses fonctions, à une personne chargée d'une mission de service public, et qui constituent une infraction ». Mais ce n’est pas la seule charge retenue contre Me Harissou, qui apparait finalement, aux yeux de ses accusateurs, comme un pêcheur en eaux troubles, avec des actes ou intentions criminels qui lui sont imputés, faisant état d’une collusion avec des forces étrangères contre la sécurité du Cameroun. Pour dire le moins, ce nouveau venu dans l’engrenage du rouleau compresseur n’est donc pas au bout de ses peines.
Ami d’enfance
D’autres avant lui ont expérimenté cette technique raffinée de broyage judiciaire. Marafa Hamidou Yaya, son ami d’enfance, purge une peine de prison de…25 ans, pour un inédite  «complicité intellectuelle » dont l’ancien ministre d’Etat est reconnu coupable par la Justice qui l’a condamné dans une affaire de détournement de deniers publics. Cela ne s’invente pas ! Ses affinités avec Me Harissou participent-elles de ce rouleau compresseur ? Rien n’est moins sûr pour ce condamné reconnu comme prisonnier politique par les Etats-Unis. N’ayant pas encore épuisé ses voies de recours, Marafa Hamidou Yaya attend depuis que la Cour suprême retienne son dossier. Une attente qui risque de se prolonger avec l’arrestation de Me Harissou qu’une certaine presse présente comme étant en intelligence avec le locataire de la prison secondaire du Sed.
Le ministre d’Etat est un miraculé. Aux lendemains du coup d’Etat manqué du 6 avril 1984, Marafa Hamidou Yaya est arrêté et sur le point d’être conduit vers une destination d’où beaucoup ne sont pas revenus. C’est son  épouse qui réussira à obtenir que son mari soit épargné. Il n’a alors que 32 ans et ne travaille que depuis quatre ans comme ingénieur à Douala, chez Elf Serepca.
Un écrivain dans l’engrenage
Avant Marafa, Enoh Meyomesse a été condamné à sept années de prison pour des faits de …trafic de minerai. Cet opposant au régime Biya, historien et écrivain,  a toujours nié son implication dans ce qu’on l’accuse et crie à l’acharnement contre lui. Dans une récente interview au Messager, du fond de son cachot… Enoh Meyomesse a fait entendre sa voix d’outre monde: « Je suis victime du rouleau compresseur bulu ».  Vendredi 19 septembre, raconte-t-il a notre rédacteur en chef,  «un codétenu m’interpelle dans la cour centrale : « Enoh, j’ai un message pour toi ; il ne faudrait pas en vouloir aux juges pour ce qui s’est passé hier ; ils ont reçu des pressions d’en haut ; un personnage haut placé et qui se situe dans l’entourage du président de la République a téléphoné aux juges pour leur intimer l’ordre de ne pas t’accorder cette liberté provisoire que tu as demandée ; tes compagnons ont simplement écopé à cause de toi ; en d’autres termes, ils auraient été seuls, c’est-à-dire sans toi, ils l’auraient probablement obtenue ; j’ai reçu un coup de fil la nuit me demandant de te transmettre ce message… »
C’est le 29 novembre 2011 qu’Enoh Meyomesse est arrêté par des gendarmes alors qu’il revenait de Singapour en Asie de l’Est. Il est d’abord conduit au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed), dans les services secrets de sécurité, puis à la prison de Bertoua avant d’être transféré à Kondengui, la prison principale de Yaoundé. Enoh Meyomesse est accusé d’avoir acheté des armes et vendu de l’or à Singapour. Il purge sept ans de prison ferme.
Complicité politique
La machine à broyer l’homme sous le Renouveau a-t-elle encore de beaux jours devant elle ? Il y a environ 25 ans que le rouleau compresseur sévit. Le 12 mai 1997, Michel Thierry Atangana, citoyen français d'origine camerounaise, était arrêté à son domicile de Yaoundé. Son crime ? Avoir été considéré comme le directeur de campagne de l'ancien numéro 2 du régime qui avait eu l'outrecuidance, quelques jours plus tôt, d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle de  1997. Condamné à quinze ans de prison pour détournements de fonds publics, il est de nouveau condamné à vingt-cinq ans de prison pour les mêmes faits en octobre 2012. « Victime d'une véritable machine à broyer, raconte un observateur,  Michel Atangana a eu à subir des procédures qui, en chacune de leurs étapes, ont constitué un monument de violation des droits de l'homme et plus particulièrement des droits de la défense. » Atangana et son « colistier » Edzoa Titus ont finalement été graciés, grâce aux pressions de toutes sortes…17 ans après.
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