Je dois tout de meme dire que l'episode le plus cocasse, et le plus bete de mon sejour au Cameroun, c'est quand je me suis retrouve dans la cave de Voxafrica avec devant moi Mathias Eric Owona Nguini refusant de me saluer et demeurant assis, tete enfoncee dans un livre. Parce que mon voyage a ete plutot actif de bout en bout, ce n'est que plus tard que j'ai lu les mots du presentateur de l'emission 'Recto-Verso', Mballa, qui apres mon depart a ecrit que j'avais 'fuit le debat', et ai ensuite vu cette phrase reprise par Owona Nguini, et par ses acolytes, Sismondi Barlev Bidjocka, Bobiokono, dans Cameroon_politics@yahoogroups.com. Depuis quelques temps des gens me demandent de debattre, de debattre, de debattre. Les quelques fois ou je suis entre dans cet exercice, sur Njaguipress et au Cameroun sur un plateau avec Claude Abate qui n'avait cesse de m'insulter, et avant et apres l'emission ne m'avait meme pas salue, je me suis toujours demande s'il etait possible de debattre en tyrannie. Je dois dire que de mes 44 ans, j'ai passe 22, la moitie de ma vie donc, dans des democraties, ou le president, ou le chancelier debat avant l'election presidentielle. Aux USA, il debat d'ailleurs plusieurs fois avec ses adversaires. La culture du debat nait de celle de la conversation, mais surtout, elle est fondee dans la liberte. Qu'un presentateur d'une chaine de television parle de debat, sans m'avoir prevenu qu'il y en avait un, mais surtout, sans m'en donner le ou les themes, ni d'ailleurs la dimension des intervensions reciproques, et qui plus est, sans fixer l'enjeu - debattre pour quel but? - me semble encore d'une extraordinaire incompetence. Je n'ai pas fait le truc d'Alice Nkom qui avait ete mise devant un idiot par Paul Mahel, le presentateur d'une emission tout aussi debile pour 'debattre.' Sortir en studio, devant camera, pour satisfaire la meute.
Mais la question est plus profonde c'est celle-ci: un peuple qui n'est pas libere peut-il debattre? C'est-a-dire, un peuple qui a l'habitude des discours, de la com, des interviews commandees, peut-il debattre? Je crois le paradoxe de cette situation apparait le plus clairement dans l'emission 'Entretien de Thierry Ngogang.' Je regarde tres peu la television du pays, il faut dire, mais il me parait clairement que cette emission qui est plutot 'people' - copiee sur le modele Oprah - qui devrait donc pouvoir recevoir des footballeurs, des stars de la musique, de la cuisine, de je ne sais trop quoi, se retrouver retrecie dans sa forme, parce que les Camerounais n'ont pas l'habitude de la couchette rouge qui fait rire, exploser, se liberer de ses inhibitions, et l'utilisent plutot pour des 'statements serieux' a la Maurice Kamto, et des tete-a-tete insipides et sans humour. Peut-on avoir une emission 'people' dans un pays qui n'est pas kiakde? Ou tout le monde se cache? Peut-on parler de soi dans un pays de la perfidie? Et je me rappelle ici le meme Thierry Ngogang qui a contacte mon frere (pas moins!), pour lui demander de me dire de ne plus critiquer Mathias Eric Owona Nguini. Eh oui! Il est des reflexes de la tyrannie, et en voila bien un. Moi qui croyais qu'il etait bien possible de me parler directement. Mais le Camerounais n'a pas l'habitude de parler directement, de repondre a une question par une affirmation ou par une negation, non. La perfidie est son sport favori. C'est essayer de t'affamer, parce que tu as critique son ami, son suppot politique. C'est vaporiser ton dossier de demande de visa, parce qu'il n'y a aucune loi qui veuille qu'on te le refuse, comme le Burkinabe Kiemtore s'est rendu compte il y a quelques semaines. C'est executer un homme qui couille ta femme de onze balles, comme l'a fait Bamkoui, quand le meme Bamkoui est incapable de s'en prendre au tyran lui-meme comme ses collegues lieutenant-colonels d'autres pays le font.
Peut-on debattre dans un pays ou les gens sont incapables de prendre leurs responsabilites? Peut-on debattre dans un pays ou les journalistes, les officiers de gendarmerie, les citoyens sont si irresponsables qu'il ne peuvent vous adresser la parole qu'en vous insultant, mais s'extasient devant l'image de la wolowos qui partout sur la terre serait tout simplement executee - comme Marie-Antoinette, ou alors la femme de Causcescu? La scene publique camerounaise qui est prise en otage par la tyrannie communicationnelle est gangrenne des le sommet. Car nous avons bien un president a la voix rocailleuse, qui est incapable de tenir une conference de presse, de tenir un discours de meeting sans le lire, de debattre, qui ne communique que par des discours, par des operations de com payees, et tient le peuple en otage par la perfidie - en frappant des coups de couteau dans le dos de quiconque apparait plus brillant que lui, et l'est. Peut-on debattre dans un pays dont la scene publique est si pauvre, en realite si emassiee, que les chaines de television sont l'ombre de ce que la television peut aujourd'hui? Ce sont ces questions qui me sont toujours venues en esprit toutes les fois ou j'ai lu le mot 'debattre', car apres tout nous sommes bien dans la tyrannie la plus vieille d'Afrique, et apres tout, le plus grand philosophe de ce pays - Eboussi Boulaga -, sans parler de ses plus grands penseurs, ne sont jamais passes a la television de ce pays-la. Il faut vraiment que quelque chose de nefaste soit arrive a notre pays pour que des presentateurs de television se prennent pour les Che Guevara de la revolution a venir, quand en meme temps dans leurs reflexes immediats ils sont en realite des clones du tyran. Et je me rappelle bien que toutes les emissions de television que j'ai fait au Cameroun l'an passee n'etaient pas live, mais bien en differe, et que 'l'Entretien' que j'avais fait avait ete censure - les parties sur la wolowos avaient ete censurees. Pourquoi les televisions camerounaises ont-elles peur de ma parole en live? Un jour, un jour le Camerounais sera kiakde, et alors, alors on aura une culture de la conversation chez nous. Alors, alors, on aura une culture du debat. En attendant, actons!
Peut-on debattre dans un pays ou les gens sont incapables de prendre leurs responsabilites? Peut-on debattre dans un pays ou les journalistes, les officiers de gendarmerie, les citoyens sont si irresponsables qu'il ne peuvent vous adresser la parole qu'en vous insultant, mais s'extasient devant l'image de la wolowos qui partout sur la terre serait tout simplement executee - comme Marie-Antoinette, ou alors la femme de Causcescu? La scene publique camerounaise qui est prise en otage par la tyrannie communicationnelle est gangrenne des le sommet. Car nous avons bien un president a la voix rocailleuse, qui est incapable de tenir une conference de presse, de tenir un discours de meeting sans le lire, de debattre, qui ne communique que par des discours, par des operations de com payees, et tient le peuple en otage par la perfidie - en frappant des coups de couteau dans le dos de quiconque apparait plus brillant que lui, et l'est. Peut-on debattre dans un pays dont la scene publique est si pauvre, en realite si emassiee, que les chaines de television sont l'ombre de ce que la television peut aujourd'hui? Ce sont ces questions qui me sont toujours venues en esprit toutes les fois ou j'ai lu le mot 'debattre', car apres tout nous sommes bien dans la tyrannie la plus vieille d'Afrique, et apres tout, le plus grand philosophe de ce pays - Eboussi Boulaga -, sans parler de ses plus grands penseurs, ne sont jamais passes a la television de ce pays-la. Il faut vraiment que quelque chose de nefaste soit arrive a notre pays pour que des presentateurs de television se prennent pour les Che Guevara de la revolution a venir, quand en meme temps dans leurs reflexes immediats ils sont en realite des clones du tyran. Et je me rappelle bien que toutes les emissions de television que j'ai fait au Cameroun l'an passee n'etaient pas live, mais bien en differe, et que 'l'Entretien' que j'avais fait avait ete censure - les parties sur la wolowos avaient ete censurees. Pourquoi les televisions camerounaises ont-elles peur de ma parole en live? Un jour, un jour le Camerounais sera kiakde, et alors, alors on aura une culture de la conversation chez nous. Alors, alors, on aura une culture du debat. En attendant, actons!
Patrice Nganang
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