Opinions Nouvelles

Opinions Nouvelles
Opinions pour mieux comprendre où va le monde

ORDRE DES AVOCATS : UN NOUVEAU BÂTONNIER POURQUOI FAIRE ? par Emmanuel MIMBÈ

Le week-end dernier, sur deux jours (du 31/01/ au 1er /02/2015), sans discontinuer, après l’abdication de l’ancien bâtonnier, Me SAMA, les Avocats ont renouvelé leur Conseil de l’Ordre et choisi un nouveau Bâtonnier en la personne de Me NGIE KAMGA.
Ce renouvellement de l’organe dirigeant de ce corps de métier est un bon prétexte pour se pencher quelque peu sur les grosses attentes citoyennes relativement à cette institution au cœur de la société civile camerounaise, mais donne également l’occasion de porter au pinacle quelques questionnements de fond.
S’agissant des attentes…
L’Avocat, ce n’est un secret pour personne, est le professionnel qui assiste, représente, conseille et défend son client. Mais le client, pouvant être Monsieur tout le monde, l’Avocat apparaît à plus d’un titre comme le défenseur de la société toute entière. Et qui plus est lorsqu’il s’agit de la corporation pris dans sa globalité et dans son intégrité à travers l’Ordre.

Il est donc attendu du Barreau des qualités certaines, notamment :
  • la compétence professionnelle : elle s’acquiert à travers de bonnes études académiques mais aussi par la culture c’est-à-dire toutes sortes d’apprentissages, y compris empiriques, en cabinet et dans les prétoires. Sur cet aspect, passé le cas de quelques brebis galeuses, le Barreau camerounais peut se frotter les mains. Seulement, l’on pourrait se demander si la formation en cabinet des jeunes stagiaires est vraiment celle qu’il faut pour un Cameroun émergent ?
  • La rectitude morale ensuite: elle consiste pour ce corps de métier à rester dans la droiture et dans une moralité des plus irréprochables. Là, sans risque de se tromper, le Barreau camerounais a quelques longueurs de retard et plusieurs efforts à faire. En effet, depuis l’avant-dernier Bâtonnier, Me Sévérin TCHOUNGANG, en passant par Me SAMA, les Avocats ont régulièrement rejeté avec fracas les bilans, notamment financiers, en Assemblée générale. Le dernier examen d’entrée dans la profession a laissé à ce propos de grosses séquelles où des non-candidats ont vu leur nom sur la liste des admis définitifs ! Il en va ainsi de celui qui vient d’être élu, puisqu’il est sous le coup des poursuites de la part d’un de ses anciens clients, Yves Michel FOTSO, pour ne pas le nommer. En dépit du principe de la présomption d’innocence, il serait heureux de scruter, même par hypothèse d’école, la position du Barreau en cas de condamnation (y compris avec sursis) de ce dernier le moment venu… Combien sont-ils en effet, ceux qui ont marché sur le secret professionnel ou ceux d’entre eux qui ont « pactisé avec le diable» dans la seule recherche du gain ?
  • Le courage enfin: il passe par la fuite de la frousse, et la mise en scène de la bravoure à l’effet de défendre envers et contre tous, les droits des opprimés, et autres personnes sans défenses. Pour ce faire, la parole, la parole et la parole, véritable arme de l’Avocat, doit être maniée avec dextérité. Là, le Barreau est absent depuis 1990.
À cette époque bien révolue, l’on pouvait être fier d’être camerounais car, le Barreau a donné de la voix et a régulièrement participé, sans complexe, comme il le fallait, aux grands débats ayant précédés l’ouverture démocratique du Cameroun : YONDO BLACK, Bernard MUNA…restent à ce titre des véritables modèles en la matière. Après eux, plus rien. TCHOUNGANG a fait ce qu’il a pu, mais la mayonnaise n’a pas pris et a plutôt « fait pschitt ! ». Quelle a été par exemple la position de l’Ordre face à la modification constitutionnelle, à l’opération épervier, au Code électoral, aux élections depuis 2011, à la loi anti-terroriste, à la croisade contre boko haram, à la transgression dolosive du principe de la déclaration des manifestations publiques et dont le cas le plus patent reste sans nul doute le précédent KAMTO à l’occasion du lancement du MRC ? Quelle est sa position par rapport enfin … aux grosses atteintes au principe de la présomption d’innocence et à la brimade des Avocats devant les prétoires, les brigades de gendarmerie et les commissariats de police ?
Et des questionnements de fond…
En marge de ces attentes sous-jacentes, l’observateur est en droit de s’interroger sur le mode de scrutin au sein de l’Assemblée générale de l’Ordre des Avocats. Comment est-ce possible que l’élection d’une douzaine de personnes par 1500 autres, puisse faire deux jours ? N’est-il pas possible d’abréger ce délai en prévoyant des urnes transparentes, plusieurs bureaux de votre ou alors simplement, des élections par région ? Et ce mandat de deux ans, est-il vraiment opportun d’attendre grand-chose d’un Bâtonnier en un si laps de temps ?
Peut-on raisonnablement penser qu’il existe un code de déontologie des Avocats au Cameroun ? La loi de 1990 en fait-il office ? Jusques à quand les Avocats attendront-ils que le siège daigne organiser l’examen d’accès annuel ( !?) à la profession ? Le Barreau est-il vraiment prêt à consacrer l’avènement de jeunes Avocats au Cameroun ? N’est-il pas temps de songer à l’éclatement du Barreau du Cameroun ou de relever le niveau d’accès à cette profession ?
Reste que, en lorgnant un tout petit peu du côté des autres ordres professionnels qui lui sont proches (médecins, pharmaciens…), le Barreau s’en sort avec la mention : ‘’peut mieux faire’’ !
Mais, à l’analyse, et en l’état, cette nouvelle élection du Bâtonnier camerounais, ne devrait pas révolutionner grand-chose dans la fourmilière.
Emmanuel MIMBÈ
Partagez sur Google Plus

About BIGDeals

This is a short description in the author block about the author. You edit it by entering text in the "Biographical Info" field in the user admin panel.
    Blogger Comment
    Facebook Comment

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Laissez nous un commentaire sur cet opinion.