Que ce soit au Cameroun ou partout en Afrique, en Asie ou en Occident et ailleurs, les aspirations aux changements des peuples vont croissantes dans tous les milieux et à tous les niveaux, malgré les nombreuses structures mises sur pied pour garantir le respect les droits humains et de la justice pour tous.
Ces rêves des transformations sociales tant voulue et tant attendues sont la traduction des malaises vécus ou ressentis individuellement ou collectivement, et dénotent les imperfections qui émaillent nos sociétés et nos civilisations en dépit des discours officiels laudateurs –mais mensongers– qui ici et là bercent les oreilles.
Il convient de rappeler que ces malaises et souffrances ne relèvent d’aucune fatalité. C’est le cœur et la trahison de l’humain qui les fondent. C’est l’égoïsme animal et animalisant de l’humain qui les fonde, ce sont les injustices matérialisées par l’exploitation outrancière et le rejet sans précédent du grand nombre par une infime poignée qui les fondent.
Malheureusement, les victimes (individus et groupes) qui elles-mêmes sont en quête des changements se sont très souvent handicapés et deviennent incapables d’apporter des réponses appropriées à leur situation.
Ainsi, très souvent les mêmes individus ou groupes de personnes se constituent en digues sur leurs propres voies sans le savoir. Oui, les mêmes gens qui veulent et poursuivent des changements les freinent ou les empêchent couramment.
Il serait prudent de préciser qu’il est de bons changements comme il en est de mauvais, de pires ou d’inutiles. Le vocable « Changements » est pris ici uniquement dans son sens strictement positif.
Ce qui freine ou tue les efforts de changements, ce ne sont pas toujours les adversaires extérieurs (entendons ici les obstacles ne venant de nous). Au contraire, ce sont très souvent et surtout des chaînes individuelles et collectives qui rendent impossibles les réformes qui interpellent à tous les niveaux dans le monde ces victimes.
Que ce soit au niveau de la famille, d’une petite communauté, de la société entière dans un pays ou d’un continent, il est démontré que c’est toujours une petite poignée d’individus qui dicte sa loi au plus grand nombre et tourne leurs
jours en ténèbres, tourne leurs rêves en cauchemars, crée des souffrances chez cette immense majorité afin qu’elles attisent et alimentent infiniment le feu de leur bonheur.
Au sein des familles, au sein des communautés (urbaines, rurales, religieuses, etc.), au sein des sociétés, des pays et partout dans le monde, des changements et réformes en profondeur sont nécessaires, et des voix fortement s’élèvent pour les réclamer.
Malheureusement, nombre d’entre ces voix qui ont pris conscience de la situation ne sont pas prêtes aux défis et sacrifices. Elles ont encore du chemin à faire pour être de vrais éléments déclenchant et enclenchant ces changements.
Je n’attige pas en affirmant que ces personnes qui réclament à grands cris des changements nagent elles-mêmes pour la plupart dans des vices et sales façons de faire ou de vivre à tel point qu’elles ne rendront aucun service à la société, au monde et a elles-mêmes, aussi longtemps qu’elles ne feront leurs propres toilettes.
Dans chaque pays, tout est mis en place de l’intérieur et de l’extérieur pour continuer et renforcer l’exploitation et la division abjectes des citoyens ; tout est fait pour les tromper, tout est fait pour les réifier, tout se fait pour les divertir et les virer de l’essentiel de leurs combats vitaux.
Heureusement que parfois certains citoyens voient tout cela et se lèvent et jettent de poignants et stridents cris d’appels à la lutte pour des changements. Mais, ces personnes réveillées et éveillées portent elles-mêmes parfois des crasses dont elles ne daignent se dépêtrer et qui les freineront d’arriver au bout de ces ambitions.
Ailleurs, certains Etats trop zélés et arrogants croient toujours qu’ils ont des leçons à donner aux autres ; ces Etats tardent de saisir que des siècles de souffrances, d’exploitations, d’injustices, des sévices cruels et assassinats et génocides perpétrés chez et contre les autres peuples ne doivent pas continuer. Ces Etats tardent de comprendre qu’il est temps qu’ils changent eux-mêmes.
Ces Etats ne voient pas que des réformes rapides et changements colossaux s’avèrent nécessaires chez eux où une infime poignée de puissants telles des sangsues est logée dans le corps océanique du peuple et le manipule et le suce et le vide. Les autorités politiques et économiques de ces Etats-là ne trouvent pas qu’il faille vite faire avant que leurs peuples bondissent et les dévorent.
Le monde se transforme en pourritures, les gens sont las de se laisser allaiter aux mensonges, et les changements et les vrais partout veulent et devront naître. Partout, l’on cherche à les éluder, à les différer mais ils viendront.
Combien veulent vivre francs et jouer francs, combien ! Les parents demandent aux enfants de changer, les enfants eux aussi parfois. Les autorités religieuses, économiques et politiques exigent des changements à leurs fidèles, à leurs sujets ou employés, à leurs membres ou aux régimes au pouvoir.
Pourtant, eux qui exigent des changements sont des gens qui dans leurs coins au quotidien font exactement (ou plus que) ce qu’ils reprochent aux enfants, aux fidèles, aux employés ou aux mauvais dirigeants de leurs pays.
Au moment où les sociétés et le monde ont besoin des voix claires, des cœurs honnêtes et purs et des mains fortes et adroites pour donner une chance à la justice et à la vraie paix, il appert que les obstacles premiers aux vrais changements, ce sont souvent les futurs bénéficiaires, ceux-là qui en aspirent, pris individuellement.
Etant donné qu’on ne se sauve pas ou ne sauve les autres en restant soi-même allongé dans la fange, les uns et les autres devraient voir ou se rappeler que c’est en se domptant soi-même et en faisant beaucoup de sacrifices personnels constants que l’on fera des changements requis et poursuivis une réalité. C’est prendre une attitude responsable face aux appels nécessaires de son temps.
C’est à ces prix-là et à eux seuls que la justice, l’amour, l’épanouissement, la paix et le bonheur rentreront dans la vie de chaque individu, de chaque famille, de chaque communauté, de chaque peuple et dans ce monde qui se fait jouet dans les mains de quelques-uns qui agissent comme des gamins.
Leon Tuam
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