Le père Gnassingbé Eyadéma avait été président du Togo de 1967, date de sa prise de pouvoir par un coup d'état, jusqu'à sa mort en 2005, soit trente huit ans de règne. Le fils Faure Gnassingbé, qui lui a succédé, grâce au soutien de l'armée, brigue un nouveau mandat. S'il est élu, ce dont personne ne doute, il entamera sa onzième année de présidence. Soit au total pour la dynastie Gnassingbé, quarante-neuf ans de pouvoir sans partage.
Une démocratie d'opérette
Dans un pays où l'espérance moyenne de vie était en 2012 de 56 ans, il est donc possible de naître et de mourir en ayant connu qu'un seul président, Gnassingbé. Faure, qui n'est pas complètement sûr de son coup, a ordonné la fermeture des frontières terrestres du pays de ce vendredi soir à dimanche matin, "en vue de garantir des conditions optimales de sécurité" durant l'élection présidentielle.
Quand on parle d'élection présidentielle au Togo, il y a un mot de trop. La campagne électorale qui a eu lieu ces dernières semaines singe les grandes dramaturgies électorales des pays développés. On découvre le président sortant Faure Gnassingbé sur le terrain, en hélicoptère et voiture blindée, serrant des mains et distribuant quelques gâteries, mais toujours protégé par plusieurs rangées de gendarmes armés de mitrailleuses lourdes.
Son principal opposant, Jean Pierre Fabre, qui était déja en piste à l'époque de Gnassingbé Eyadéma, le père du président actuel, ne croit guère à la transparence du scrutin. "Nous sommes convaincus de gagner. Mais le pouvoir ne l'acceptera pas, donc il fraudera", proclame publiquement un de ses proches. Frontières fermées, urnes bourrées, gendarmes sur le qui vive, voici la drole de démocratie qui rêgne à Lomé. Seul point positif de cette mascarade, le Togo se trouve pour quelques jours sous les projecteurs internationaux. Si la fraude est trop voyante et les forces de l'ordre trop agressives, l'image du pays sera écornée. Les élections qui fragilisent les pouvoirs africains, sans les menacer vraiment, sont autant de gages que le Sud donne au Nord.
Elections, piège à pognon.
Les parodies démocratiques qui se jouent en Afrique constituent souvent pour les pays occidentaux le signal attendu pour distribuer des aides. Peu importe le flacon, semblent dire les grands donateurs internationaux, pourvu qu'on aie l'ivresse, même frelatée, d'un ersatz de démocratie.
Au Mali après l'opération Serval, les élections avaient constitué aux yeux du pouvoir français une urgence absolue. François Hollande, d'un mot malheureux, s'était dit "intraitable" sur la date envisagée, comme si le Mali n'était pas souverain. A peine remis de dix huit mois d'affrontements, de coups d'Etat et d'intervention étrangère, ce pays avait du organiser aux forceps, en à peine trois mois, un scrutin acrobatique, qui vit le candidat de la France, IBK, tout naturellement élu dans des conditions plus que contestables.
A peine les militaires français avaient mis dans la foulée le pied en Centrafrique, un pays en proie à la guerre civile, , François Hollande annonçait là encore de prochaines élections présidentielles. Lesquelles n'ont toujours pas eu lieu. Et pour cause: La constitution centrafricaine n'a toujours pas été ratifiée, la radio d'Etat n'émet pas en de-hors de la capitale, les listes électorales sont inexistantes. Le forum qui devait avoir lieu à Bangui, le lundi 27 avril, pour organiser les modalités de ces élections hypothétiques, vient d'être remis à plus tard.
Ces scrutins qui n'en sont pas, au Togo et ailleurs, ne renforceront ni la paix, ni la stabilité en Afrique de l'Ouest
Louise Dimitrakis
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