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LA «RÉBELLION AU NORD-CAMEROUN» OU LA RÉBELLION-FANTÔMAS par Bibou Nissack

Le terme rébellion désigne d’abord l’action de se rebeller ou de se révolter, mais aussi un ensemble donné de rebelles.Or, se rebeller s’entend premièrement du refus de soumission à l’autorité, d’où la définition du rebelle comme celui en révolte ouverte contre un gouvernement ou contre une autorité constituée. En effet, partant de son étymologie, rebellis dérive de bellum qui signifie ‘’guerre’’. De ce qui précède, et à l’exclusion des autres usages et signifiés de ce terme, penchons-nous sur la supposée rébellion armée au Nord du Cameroun. Les attentats et attaques armées à l’Extrême‐nord du Cameroun peuvent‐ils justifier l’assertion en vertu de laquelle il y aurait une rébellion à l’œuvre au Nord du Cameroun ? Autrement‐dit, l’implantation d’un groupe de souche nationale disposant des caractéristiques structurelles et organisationnelles d’une armée, et donc une organisation paramilitaire, se constate‐t‐elle au septentrion ?
Il s’agit de savoir si le Cameroun est la cible d’un mouvement dont la coordination est extra nationale bien que pouvant impliquer marginalement des nationaux en rupture de ban d’avec la patrie. Si non, cela serait en contradiction flagrante avec les assertions de nos valeureuses troupes militaires qui se battent héroïquement sur la ligne de front de l’Extrême‐nord afin de préserver l’intégrité territoriale camerounaise. Cela jurerait aussi avec les menaces verbales proférées à l’encontre des institutions camerounaises par le sinistre Shekau et annonçant en son temps l’imminence d’attaques contre le Cameroun. Enfin, et plus grave, cela reviendrait à dire que la cohésion du peuple camerounais a été suffisamment ébréchée au point où une fraction considérable de celui‐ci se serait mise en marge et aurait offert le gîte à un mouvement rebelle armé.
Une telle interrogation oblige à considérer quelques éléments permettant de jauger la crédibilité d’une assertion portant sur l’existence d’une rébellion au Nord Cameroun. Aussi procéderons-nous par un tour d’horizon intercontinental sommaire axé sur les traits dominants communs des rebellions armées. De facto, au-delà des spécificités idéologiques et causales de ces rebellions, il ne s’en dégage pas moins des lignes de fond structurantes quelles ont en partage. Nous citerons limitativement au rang de ces marqueurs communs, l’existence d’une dénomination, d’un fief socio‐territorial (région acquise à ‘’la cause’’ et peuplée d’un grand nombre de sympathisants), et d’un objectif global à atteindre clairement défini. Les rebellions ici répertoriées à cette fin, sont parmi les plus notoirement connues à travers le globe. Nous envisagerons ensuite quelques éléments liés à certaines rébellions se rapportant à l’espace politique national de leur théâtre d’opérations, et à leurs partenaires internationaux. Nous clôturerons en examinant quelques-unes des contraintes objectives auxquels les promoteurs d’une telle entreprise paramilitaire seraient indubitablement confrontés aux plans opérationnel et pratique, de même que les probabilités qui existent pour que ces ‘’pré requis’’ soient effectivement activés sur le territoire Camerounais.
L’Amérique latine abrite l’une des plus anciennes rébellions armées de la planète. En effet, les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie‐Armée du Peuple (FARC), y disposent depuis leur formation en 1964 de bastions depuis lesquels elles essaient d’atteindre leur objectif principal, à savoir, la conquête du pouvoir en Colombie. Il s’agit des départements de huila et Tolima. Cette organisation a de nouveau défrayé la chronique en parvenant à la signature d’un accord entre son chef et le président Colombien suite au dialogue de paix entamé de longue date entre les deux parties. En Europe, nonobstant les fluctuations qui, dès sa parturition en 1916, ont jalonnées son existence et se sont traduites par l’existence de nombreuses factions en son sein, l’Irish Republican Army (IRA), a de tous temps disposée de solides bastions dans l’État indépendant d’Irlande et en Irlande du Nord britannique (la ville de Derry en son quartier de Bogside, la région du South Armagh, et même Belfast à travers ses quartiers populaires catholiques en témoignent suffisamment). Son objectif est de mettre un terme à la présence Britannique en Irlande du Nord. Pas loin de là, Euskadi Ta Askatasuna (ETA) fondée en 1959 a pour assise sociale et territoriale le pays basque espagnol et réclame comme objectif la création d’un État Basque Socialiste Indépendant. A l’est de l’Ukraine, une rébellion est aux prises avec les Gouvernements successivement de la révolution dite ‘’Euromaïdan’’ du 22 février 2014, et règne en maîtresse sur Donetsk et Lougansk et scande à l’envie ses velléités sécessionnistes. Au Moyen‐Orient, la Rébellion ‘’Ansar Allah’’ plus connue sous l’appellation ‘’Houthi’’, du nom de Hussein Badreddin al‐Houthi (auteur d’une insurrection en 2004, année de sa mort), a pour terreau les régions du Nord‐Yémen (notamment le gouvernorat de Saada). Elle pourfend la discrimination dont les populations du Nord‐Yemen seraient les victimes notamment depuis la réunification des Nord et Sud‐Yemen en 1990, de même qu’elle s’oppose à l’expansion du Salafisme.
La rébellion Talibane en Afghanistan dispose de bastions épars sur l’ensemble du pays, particulièrement les zones pashtounes, les massifs montagneux truffés de grottes comme Tora Bora, et Kandahar son fief irréductible. Son but est la reconquête du pouvoir qu’ils exercèrent de septembre 1996 à novembre 2001. En Afrique de l’Ouest, le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) depuis son antre de Kidal, est actuellement à la manœuvre, suite à sa fusion avec d’autres groupes similaires au sein de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Son objectif initial est la création d’un État indépendant de l’Azawad, soit l’amputation de la moitié environ du territoire Malien actuel. Cette position s’est infléchie à la faveur des accords d’Alger. De sinistre mémoire, les Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN) plus connues sous le vocable ‘’Forces Nouvelles’’, divisèrent jadis la côte d’Ivoire en deux et s’arrogèrent les parties Nord et Centre du Pays à partir de leurs fiefs de Bouaké et Korhogo. Les FAFN érigèrent d’ailleurs Bouaké en capitale de cette sorte de Côte d’Ivoire du Nord. Le motif prétexté était de combattre les discriminations dont les ressortissants du Nord du pays auraient été les victimes. Ce qui précède vaut aussi bien pour les rebelles sénégalais de Casamance dont le fief est la zone éponyme, que pour la rébellion Seleka localisée au Nord et dans une partie du Centre de la République Centrafricaine (RCA), notamment à Bambari, et son alter égo anti Balaka localisée dans ses fiefs du Sud‐ouest avec Bossangoa parmi ses places fortes. Idem pour la République Démocratique du Congo (RDC) et sa rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23), née d’une mutinerie de soldats en Avril 2012, et nichée dans son bastion du Nord Kivu, à l’Est de la RDC.
Quant à l’immonde chose assassine BokoHaram, ses bastions (désormais en déclin) sont bien connus, en l’occurrence les états du Nord‐est Nigérian de Borno, de Yobe et d’Adamawa, avec la forêt de Sambisa comme place forte privilégiée. Son but, mainte fois braillé haineusement, étant de créer un Califat islamique au Nigéria. Même si on peut se demander si cet objectif ne transcende pas les frontières nigérianes, vu les attaques dont le Niger, le Tchad et le Cameroun sont désormais les cibles de la part de cette organisation. Elle dispose même d’emblèmes distinctifs qu’elle n’hésite pas à afficher par l’usage de bannières et autres étendards. Alors quid de la prétendue rébellion au Nord Cameroun? Ainsi donc, le nom, l’assise socio‐territoriale, l’implantation humaine et matérielle physique des troupes paramilitaires sur ce fief, de même qu’un objectif global à atteindre, sont des invariants propres aux rebellions armées. En considérant l’Extrême‐nord Cameroun, qui sait comment s’appelle sa prétendue rébellion ? Y’a‐t‐il ne serait‐ce qu’une maison, un quartier, ou une ville dont quelques habitants se revendiquent ouvertement de cette rébellion, ou a fortiori de Boko Haram? Où au Nord‐Cameroun a‐t‐on vu une bande de paramilitaires armés se balader à leur guise, assurés qu’ils seraient de la complicité active et passive des populations du cru? Seule la négative peut être ici formulée en réponse à ces interrogations. A contrario, un moto taximan camerounais à Maroua a livré un porteur d’explosif aux forces de police, dans un geste d’intelligence et de sang-froid inouï, et conformément à une tradition populaire camerounaise qui fait de chacun une vigie de la communauté. L’héroïsme et la vigilance habituels des populations ont d’ailleurs produits, entre temps des résultats similaires supplémentaires via les nombreux comités de vigilance dont les coups d’éclats vont crescendo. Dans la même veine, des marches populaires ont proliféré dans la quasi-totalité des régions du Cameroun en solidarité aux populations de l’Extrême‐nord et en soutien aux forces militaires mobilisées sur la ligne de front. L’amplitude, la fréquence et les foyers de ces marches ont atteint des proportions jamais vues auparavant. Une illustration supplémentaire de la cohésion nationale camerounaise dans le combat contre la menace dont l’Extrême‐nord est la proie, s’est traduite par des dons en nature et en espèces provenant, de l’ensemble du Pays et de toutes les extractions sociales.
Quant aux revendications et buts de cette ‘’rébellion’’, ils sont aussi insondables que la pensée d’un mur, étant donné qu’elles n’ont jamais été rendues publics par ceux qui y auraient intérêt. En outre, les leaders des mouvements rebelles se distinguent habituellement par leur tendance à l’ostentation et à la surexposition médiatique. Guillaume Kigbafori Sorro (secrétaire général des forces nouvelles), le Général Soumaïla Bakayoko (Chef d’état‐major des forces nouvelles) et son adjoint le commandant Issiaka Ouattara dit Ouattao, le Mollah Omar (défunt chef des Talibans), Ignacio Gracia Arregui dit «Inaki of Renteria» (Chef de l’ETA) et sa proche collaboratrice Izaskun Lesaka, Michel Am‐Nondokro Djotodia (Seleka), Rodrigo Echeverri dit «Timochenko» ou Mauricio Jaramillo et le défunt Raúl Reyes (FARC), Billy Mc Kee (IRA), Joseph Kony (Chef de la LRA ou Armée de résistance du seigneur), Bertrand Bisimwa avec ses acolytes Sultani Makenga et Joseph Ntaganda (M23), Abubakar Shekau, ont été ou sont encore des noms bien connus du petit bottin des rebellions dans le monde. Il est donc fort troublant que la «rébellion» au Nord‐Cameroun ne soit incarnée par aucun visage, et qu’elle se refuse à revendiquer la moindre de ses actions et objectifs. A moins que les chefs de cette rébellion n’aient l’humilité et la discrétion tellement chevillés au corps qu’ils ont renoncé aux atours de la communication médiatique. Cette dernière hypothèse paraît peu vraisemblable car elle suppose que cette rébellion ne souhaiterait pas acquérir plus de monde à sa cause en grossissant ses rangs de et la masse des sympathisants grâce à la diffusion de sa propagande via le ramdam médiatique suscité par ses actions.
«Le Cameroun c’est le Cameroun» disait quelqu’un pour traduire la singularité de notre Pays, au point où le Cameroun serait le seul pays au monde dans lequel il existerait une rébellion sans nom, sans fief ni sympathisants affichés, sans prétentions clamées et revendiquées, ni leaders chargés de les claironner. En somme, une rébellion‐Fantômas. La rébellion‐Fantômas au Nord‐Cameroun, dérogerait davantage à deux autres caractéristiques, certes moins ordinaires et communes que celles précitées, mais néanmoins intéressantes pour notre analyse. Il s’agit des cas d’existence de pendants politiques partisans ou de soutiens manifestes de pays étrangers au bénéfice de certaines rébellions. Le parti politique Sinn Fein en Irlande, fut longtemps la «voix» de l’IRA, pareil pour le parti indépendantiste Batasuna (fondé le 23 Mai 2001 et interdit par la justice Espagnole en Mars 2003, et auto dissolu en janvier 2013) et l’ETA. En Côte d’Ivoire, le Rassemblement des républicains de Côte d’Ivoire (RDR) d’Alassane Dramane Ouattara était tellement lié aux forces nouvelles que les décrire comme des alliés serait un euphémisme. L’Union des forces démocratiques pour le Rassemblement (UFDR) chapeauté par Michel Djotodia est le prolongement politique formel de Seleka. La CMA, impliquée dans les accords d’Alger avec les autorités maliennes, est bel et bien un rassemblement politique porte‐voix des revendications de certaines des rebellions du Nord‐Mali. Or l’ensemble des leaders politiques Camerounais reconnus comme tels et de tous les bords, ainsi que les principales composantes de la société civile ont, dans un chœur unanime, condamnés les attaques lâches et criminelles qui frappent le Cameroun entier à travers son Extrême‐nord. 
Cependant, les alliances des rebellions peuvent aussi transcender les frontières de l’Etat hôte. Des alliances patentes entre des Etats étrangers et des rébellions ont souvent été observées. Ainsi le M23, de l’aveu de l’organisation des Nations unies (Onu), des Etats-Unis d’Amérique (USA), et de la RDC, reçoit du Rwanda et de l’Ouganda ses soutiens. A la suite du conflit ivoiro‐ivoirien postélectoral de 2010 à 2011, le palais présidentiel abritant le président Laurent Koudou Gbagbo a été pris d’assaut pour l’en déloger. Ce dessein a produit une troublante alliance opérationnelle entre les Forces nouvelles et les soldats français de l’opération Licorne, ces derniers constitués en avant-garde éhontée de la prise du palais. En Ukraine, le soutien Russe à la rébellion de l’Est a valu à celle‐ci le qualificatif de «pro russe» par l’Union européenne (UE) et les USA. Les FARC elles, ont ainsi pu bénéficier de financements du Venezuela, entre autres. Hassan Sylla Ben Bakary, ministre tchadien de la Communication, séjournant au Cameroun en Mars 2015, a annoncé sur les ondes d’une radio privée de Yaoundé que les armes saisies entre les mains de Boko Haram sont pour un grand nombre «de fabrication française». Plus tard, il précisera en évoquant «40%» comme la proportion desdites armes. En rappel, le petit club sélect des quelques pays désignés abusivement sous le générique de «communauté internationale» s’est allié dans un passé proche à la rébellion libyenne baptisée Conseil national de transition (CNT) en vue de l’élimination de Muammar Al Kadhafi. Ce triste exploit est laborieusement en cours de réédition en Syrie contre Bashar Al Assad.
La liste de tels exemples pourrait indéfiniment s’allonger si le format présent ne l’interdisait. Qu’il nous suffise de ces illustrations pour étayer l’affirmation portant sur les soutiens visibles dont peuvent faire l’objet certaines rebellions au plan politique interne ou de la part d’acteurs étatiques externes. La rébellion‐Fantômas nord camerounaise n’a aucun soutien déclaré comme tel sur les plans politiques internes et diplomatiques. Scrutons maintenant quelques aspects logistiques basiques auxquels se trouveraient en butte les promoteurs d’une rébellion au Nord Cameroun. Prenons l’hypothèse dérisoire d’une troupe constituée de cent (100) hommes. Leur logement nécessiterait la construction de baraquements faits de dortoirs dotés d’une centaine de lits, de salles de distraction, de réfectoire‐cuisine, de toilettes, de Poste de Commandement, des hangars pour stocker le matériel à l’abri des intempéries, d’une armurerie, d’une poudrière. 
Il faudrait aussi aménager des aires de stationnement pour le parc automobile servant à la projection des troupes. Un mini village en bref, dont l’approvisionnement en énergie devra être pourvu de même que celui en eau potable. Le caractère particulièrement précieux de ce liquide dans le septentrion Camerounais, fait qu’il serait difficile de faire d’un point d’eau, communautaire par essence, sa propriété exclusive. Bien plus, un champ de tir, un parcours d’obstacles dédié à l’entraînement des hommes, à la guérilla, au maniement des armes, au maniement des bombes artisanales et ceintures explosives, à leur confection et tests, auront été créés. Il faudra bien sûr s’être suffisamment ravitaillé en munitions et armes aussi sophistiquées et lourdes que celles des assaillants à l’extrême‐nord, et veiller que le stock soit réapprovisionné en munitions ou explosifs après chaque «mission». La restauration de cent hommes signifie un minimum quotidien de 300 repas copieux et arrosés. Il faudrait un personnel de cuisine à même de tenir une telle cadence infernale. En clair, préparer et servir 2 100 repas par semaine, soit 8 400 repas mensuels. Les quantités de vivres frais et autres consommables alimentaires commanderaient un approvisionnement au moins hebdomadaire, avec obligatoirement un déploiement de forces impliquant au moins deux camions gros porteurs. Ce qui donnerait lieu à un balai dans les milieux commerçants alentours qui ne tarderait pas à attirer l’attention. Pour préserver la santé des hommes, leur confinement dans les conditions climatiques aussi rudes que celles de l’Extrême-nord ou de toute autre partie septentrionale devrait se faire avec des mesures d’accompagnements médicales appropriées. Il faudrait donc une pharmacie et un hôpital de fortune. Le cas échéant une infirmerie avec un personnel habilité dans le traitement de blessés de guerre (ce qui ne court pas les rues). Soit des coûts supplémentaires considérables en personnels et en matériel. 
Des sommes colossales devront discrètement être convoyées à périodicité fixe en vue de couvrir les diverses charges salariales, alimentaires, sanitaires et logistiques. D’où la présence d’hommes de confiance pouvant indéfiniment convoyer de telles fortunes sans être tentés de les dérober. Comment et où les trouver? Imagine‐t‐on que l’entraînement des hommes et les détonations subséquentes des explosifs, ou le staccato des armes ne soient entendus par les populations voisines même très éloignées? Tous les hommes membres de cette rébellion‐Fantômas seraient‐ils tous sans attaches (famille, fiancée, amis) au point où jamais ils n’éprouvent le besoin de parler avec leurs proches téléphoniquement? Comment garder le secret sur un tel dispositif? Comment dissimuler le matériel roulant, voire volant, de façon à ce qu’il ne soit pas visible en cas de patrouilles terrestre ou aérienne de l’armée nationale? Il est impossible qu’une rébellion prenne pieds au Cameroun incognito. Cela ne peut se faire sans bruits, au sens propre et figuré. Quand bien même les conditions cumulatives listées supra seraient remplies il est impossible qu’un tel dispositif n’éveille aucun soupçon. Dès lors, affirmer l’existence d’une rébellion au Nord Cameroun, en l’état actuel, c’est tout‐en‐un faire offense à nos militaires au front, en sous entendant que leur action est inutile. C’est accuser à mots couverts le tandem que forment les autorités administratives (gouverneurs, préfets, sous‐préfet) et traditionnelles de complicité active avec l’ennemi terroriste. En effet, comment concevoir que l’information sur un tel déploiement de forces dans leurs territoires de compétence échappe à leur attention, à moins qu’ils ne l’ignorent volontairement. Ceci est aussi valable pour l’ensemble de nos services d’intelligence, de police et de gendarmerie réunis. Enfin c’est affirmer qu’une partie au moins des populations de l’extrême nord prend fait et cause pour des bandes qui assassinent pourtant lâchement et aveuglement leurs propres enfants, amis, frères, mères, sœurs et voisins. Cela serait du sadomasochisme de masses en plus d’être une marque de désunion nationale. L’action marginale, de personnes qui le sont encore plus, ne peut engager toutes les populations de l’Extrême et du grand Nord camerounais, principales victimes des attaques criminelles.
Il n’y a donc pas plus de rébellion Camerounaise au Nord-Cameroun qu’il n’y a de saison sèche au pôle nord. Il n’en demeure pas moins que certains services d’intelligence étrangers occidentaux recourent souvent à des moyens, secrets et occultes pour le faire croire ou pour susciter un climat propice à leur avènement artificiel et télécommandé. Aussi parle‐t‐on dans ces milieux de «Under cover operations» (opérations sous couverture), de «manips» (opérations de manipulation), des «Psy Ops» (opérations psychologiques telles celles de la CIA ayant suscitées l’avènement des Républiques bananières latino américaines), et tutti quanti. Indépendamment de l’appellation, ces artifices ont toujours pour but la préparation mentale de la conscience populaire d’un pays au surgissement Deo es machina de mouvements zombis dont la quintessence des motifs est connue de leurs seuls promoteurs étrangers occultes. C’est ceci qui explique qu’un matin, des Centrafricains ayant toujours vécus en harmonie ethniques et confessionnelles, se sont soudain mis à s’entretuer sans raisons apparente pour soi disant des querelles religieuses. En comparaison, le triste et regrettable génocide Rwandais avait pourtant été le point culminant d’un processus qui avait maturé pendant des décennies. Il n’est pas à exclure que ceux qui ont réussis en RCA une chose qui permet d’en gérer les ressources, dans une opacité néfaste aux intérêts des Centrafricains, soient tentés d’en faire un bis repetita au Cameroun. 
D’où l’instillation d’une psychose collective fondée sur la pseudo existence d’une insurrection Camerounaise. Cela rendrait plus aisé le déclanchement d’actions de ces officines «barbouzières», en vue de les mettre sous le chapitre de la rébellion‐Fantômas. Ceci expliquant cela, on peut se questionner sur l’identité des encadreurs et formateurs de la filière terroriste démantelée à Bamenda, avant son passage à l’action prévu pour le 20 mai dernier. Ses membres disposaient en effet d’une fabrique artisanale d’explosifs dont on peut aisément déduire que la formation à l’usage et à la fabrication de ces engins de mort a été assurée par des experts en la matière. Or les personnes arrêtées ne sont en rien apparentées à des extrémistes religieux, ce qui écarte l’hypothèse de liens avec Boko Haram et remet en scelle l’hypothèse d’une orchestration. Le but étant de bénéficier du ras‐le‐bol, amplement justifié, d’une gouvernance publique moribonde, couplé à une atmosphère de psychose collective suite aux attaques et odieux attentats à l’Extrême-nord du Cameroun. 
Ce cas de figure aboutirait à un énième court‐circuitage de l’initiative du peuple Camerounais par la spoliation du contrôle d’un changement qui s’annonce inéluctable. Autrement dit, provoquer une fausse révolution pour prendre la vraie de court et ainsi en avoir la main mise.
© Intégration : Bibou Nissack, Juriste, consultant médias et analyste
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