A moins d’un choc qui impacterait l’offre du côté des pays producteurs, le prix du baril devrait rester en deçà de 60 dollars. Certains analystes le situent même à 20 dollars avant la fin de l’année, puisque vendredi dernier, il est passé sous la barre des 33 dollars, son plus bas prix depuis 12 ans. Une nouvelle, pas du tout bonne pour le Cameroun qui table sur des projections de recettes pétrolières de 397,2 milliards de FCFA pour l’exercice 2016. Même si ces recettes connaissent une décote de 377,7 milliards de FCFA, soit près de 49% par rapport aux 774,9 milliards de FCFA de 2015, elles représentent tout de même, avec un peu plus de 9%, une proportion non négligeable de l’enveloppe budgétaire globale qui s’élève à 4 234,7 milliards de FCFA. Ces prévisions s’arriment à la baisse drastique qu’ont connue les cours du pétrole sur le marché international au cours de l’exercice précédent, en passant de 100 à moins de 35 dollars le baril entre juin 2014 et janvier 2016.
Le Cameroun n’est donc pas à l’abri des effets que pourraient induire les soubresauts du marché pétrolier international, puisque les prévisions de recettes pour 2016 ont été réalisées sur la base d’un coût moyen du baril oscillant autour de 55 dollars, en deçà des 89 dollars sur lesquels l’Etat s’est basé pour le budget 2015. «Une baisse qui porterait le prix du baril sous la barre de cette moyenne pourrait conduire à un réajustement budgétaire», reconnaissent des économistes.
Recommendation du FMIToutefois, le raffermissement du cours du dollar et la hausse de la production pétrolière nationale, qui a connu une hausse de 22,79% lors du premier semestre 2015, pourraient permettre de compenser d’éventuelles baisses de performance. Le Fonds monétaire international (FMI) conseille ainsi aux Etats pétroliers de revoir à la baisse leurs prévisions de croissances. Selon Christine Lagarde, directrice du FMI en visite au Cameroun du 7 au 9 janvier 2015, la priorité actuelle consiste, pour les Etats producteurs de pétrole, à trouver de nouvelles sources de revenus, à contrôler de manière plus ferme leurs dépenses publiques et la masse salariale.
TendancesEn l’état actuel des prévisions, rien ne laisse présager un rééquilibrage de l’offre et de la demande sur le marché international. La forte dépendance de nombreux pays envers les revenus pétroliers rend peu probable un ralentissement stratégique de la production pour faire remonter le cours. «Il est même à craindre que le déséquilibre s’aggrave après la levée des sanctions, notamment l’embargo pétrolier, sur l’Iran qui possède 13% des réserves mondiales de pétrole», indique un économiste. Même si les Etats unis tablent sur une production de 8,8 millions de barils par jour en 2016, contre 9,1 en 2015, des analystes estiment que cette baisse ne peut pas influencer le fonctionnement du marché.
La crainte d’un fléchissement plus marqué est alimentée par la Chine, premier importateur de pétrole, qui a enregistré la croissance la plus faible depuis 2009 avec 6,9% au troisième trimestre 2015. En outre, l’agence internationale de l’énergie estime que la croissance de la demande de pétrole brut devrait encore connaître une chute de 1,8 à 1,2 million de barils par jour entre 2015 et 2016. Cette surabondance de l’offre est également soutenue par des facteurs tels que la révolution du pétrole de schiste aux Etats-Unis ou le maintien par l’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Suite à un manque de consensus lors de la réunion des pays de l’OPEP à Vienne le 4 décembre dernier, le cartel des 12 pays a maintenu ses quotas de production à 30 millions de barils par jour, même si certaines estimations situent la production réelle à 32 millions de barils par jour.
Publié en association avec Le Quotidien de l’Economie
Auteur: Simplice Oyono
Auteur: Simplice Oyono
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Laissez nous un commentaire sur cet opinion.