Dans le contexte actuel des brassages de cultures tant sur le plan national que sur le plan international, force est cependant de constater la réticence de certaines familles face aux mariages interethniques et interafricains. Ainsi, le panafricanisme peine à s´imposer dans la conception des rapports conjugaux entre Africains. Sinon comment comprendre le manque de tolérance de certaines familles envers les relations de leur enfant avec un ou une citoyenne d´un autre pays africain?
Il n´est pas rare d´entendre un parent conseiller à sa fille d´épouser un blanc au lieu de lui présenter un togolais ou un sénégalais qu´elle aime pourtant, avec qui elle a parcouru un long chemin et compte bâtir son avenir. Quant à l´homme qui trouve son âme-sœur, une princesse venant d´une autre région africaine, il se heurte à l´opposition farouche de sa famille. Tout bascule lorsque sa mère en visite chez lui ne tarde pas à manifester son désaccord malgré la stabilité du foyer de son fils et l´accueil à elle réservé par sa belle-fille.
Des sermons sur l´ingratitude, la désobéissance et le non-respect des traditions qui finissent par créer les problèmes de conscience chez notre frère, ballotté entre l´honneur familial et le cœur, entre sa mère et sa femme. Lorsqu´on interroge ces parents sur les motivations d´un tel désaccord, ils avancent des arguments liés aux traditions, aux langues différentes et à la distance qui entraveraient la réunion de deux familles autour d´une même table.
cette tradition si chère à nos sociétés exigeant que le mariage au-delà d´une union de deux personnes soit la symbiose de deux familles, de deux communautés appelées à se souder et à s´entraider. Si on prend le critère culturel, alors, dans quelle mesure la culture de l´européen serait-elle plus compatible que celle du voisin africain? L´argument de la distance laisse croire que Paris serait plus proche de Yaoundé que Libreville de notre capitale.
Même si les asymétries en infrastructures dans les régions africaines compliquent les échanges et voyages entre les pays voisins, le voyage vers l´Europe reste cependant onéreux au point que l´argument de la distance s´avère le moins fondé. Nous sommes alors en droit de nous poser la question de savoir si la fausse image de l´Occident comme l´Eldorado ne serait pas à la base d´une telle préférence motivée par un calcul d´intérêts qui risque de leurrer plus d´un.
Le manque de tolérance face aux relations et mariages interafricains n´est pas seulement observé chez certains parents. Chez les compatriotes de la diaspora, la tolérance n´est pas toujours la chose la mieux partagée sur cette question. D´aucuns digèrent mal le fait qu´un/qu´une membre de la communauté ait choisi son/sa partenaire hors du cercle restreint.
C´est ainsi qu´une fille qui a choisi un partenaire africain risque de se voir ridiculisée, traitée d´«échouée» par certains compatriotes qui, à la limite, jugent son choix pour un non camerounais comme étant une injure. Et pourtant le plus important en fin de comptes c´est le bonheur, le respect des valeurs familiales et l´épanouissement des enfants issus de ces unions panafricaines.
La conscience nationale et transnationale est en train d´être réconfortée par les mariages mixtes malgré les illusions de ceux qui s´obstinent encore à rejeter le multiculturalisme; d´où l´urgence de la tolérance au niveau continental, les frontières nationales et ethniques étant plus politiques que culturelles.
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