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BOKO HARAM : QUE FAIRE ? par Ngouo WOUNGLY-MASSAGA Commandant KISSAMBA

1- Ma petite vigilance vis-à-vis des forces de l’ombre en Afrique :
Lorsqu’un jeune Africain originaire du Nigéria tenta de détourner un avion de ligne aux Etats-Unis d’Amérique, en se réclamant de Al Qaïda, l’évènement m’apparut si révélateur que j’entrepris d’écrire une plaquette sur « l’Afrique et l’intégrisme islamique » pour tirer la sonnette d’alarme.
Je prévoyais en effet que le chômage des jeunes étant plus élevé et le niveau de culture générale et de culture islamique plus bas que dans les pays arabes, les jeunes musulmans d’Afrique, au sortir des écoles coraniques, seraient malléables à souhait par les groupes islamistes, et constitueraient donc un terreau favorable au prosélytisme terroriste.

Dans ce manuscrit, pour cerner l’ampleur de la menace terroriste, j’en étais arrivé à mettre en cause le « panafricanisme » du Guide libyen. Le Khadafisme, qui écartait toute solidarité avec les luttes populaires africaines, toute prise en compte des partis politiques progressistes et des intellectuels révolutionnaires, n’était en effet qu’un semblant de reprise du projet de lutte de Kwame Nkrumah pour les Etats-Unis d’Afrique. La vraie pensée du Khadafi véhiculait comme chacun pouvait facilement le constater une stratégie d’islamisation méthodique du Continent Africain, allant de l’obtention de la conversion des Chefs d’Etats (Bongo, Bokassa…) à coup de pétrodollars, au soutien discret des groupes islamistes terroristes sans oublier d’essayer de marginaliser et décrédibiliser les forces révolutionnaires de la mouvance du socialisme marxiste.
Sur le front idéologique, des intellectuels africains qui se gardaient d’afficher toute liaison apparente avec le Guide libyen menaient la lutte pour la dénonciation du christianisme et de ses crimes historiques, et pour l’élaboration du projet de société islamique idéal pour l’Afrique. L’étude minutieuse des deux volumineux ouvrages du Pr. Assani Fassassi, figure de proue de cet islamisme conquérant en Afrique m’amena à constater que son réquisitoire contre le christianisme pour sa collusion manifeste avec les pires crimes contre l’Humanité (l’esclavage, le colonialisme et l’impérialisme) ne permettait pas de conclure à la supériorité de l’Islam comme projet de société pour l’Afrique : les théorisations du professeur béninois du projet de société islamique pour l’Afrique n’étant qu’une reprise des poèmes de Léopold Sedar Senghor qui ne pouvait avoir lui-même qu’une maîtrise superficielle des sociétés traditionnelles africaines.
Sur cette lancée de l’étude des forces de l’ombre qui tentent de contrôler l’avenir de notre Continent, je fus amené à m’intéresser à la franc-maçonnerie et à ses loges. La lecture studieuse d’une douzaine d’ouvrages sur le sujet me permit d’en avoir une vue de synthèse et surtout de dégager deux constats majeurs pour les patriotes africains. Le premier étant que les rituels maçonniques ; comme ceux d’autres sectes philosophiques occidentales n’on strictement rien de magiques (les pratiques spéciales dont on les habille çà et là, comme l’homosexualité, la zoophilie, ou l’anthropophagie et le rite des buveurs de sang, n’étant que des rajouts pour renforcer la solidarité et les rapports de domination). Le second étant que la seule force de ses sectes
philosophiques occidentale réside dans la solidarité qui lie leurs membres et les engage à se soutenir farouchement et cyniquement même dans le faux ou le mal. Notons au passage que ce dernier trait distingue fondamentalement ces sectes philosophiques occidentales avec certaines traditions africaines qui subliment l’honnêteté ou la loyauté au point de lier les initiés à défendre la vérité coûte que coûte, même en se pénalisant eux-mêmes ou en pénalisant leurs proches.
L’influence des loges maçonniques en Afrique était déjà énorme en 2010 : une douzaine de Chefs d’Etat en Afrique Centrale en étaient membres, soit comme Grands Maîtres coiffant une loge, soit comme membres influents relevant de d’obédiences maçonniques étrangères.
Au Gabon, situation qui retint particulièrement mon attention parce qu’elle était d’actualité, l’emprise générale des loges maçonniques sur le pouvoir comme sur les partis d’opposition était telle que les réseaux de la « Françafrique » par le biais de la franc-maçonnerie n’eurent aucun mal à contrôler de bout en bout le processus de la succession d’Omar Bongo après son décès par son fils et successeur maçonnique Ali Bongo.
C’est cette vigilance globale vis-à-vis des forces de l’ombre en Afrique dans mon manuscrit sur BOKO HARAM qui me permit de ne pas tomber dans le reflexe aveugle de la dénonciation de l’Occident pour soutenir dans la crise ivoirienne le Président Laurent Gbagbo. Je savais déjà que ce dernier avait fait le choix malheureux d’entraîner son peuple dans la guerre, en comptant sur la solidarité inconditionnelle de ses puissants frères Chefs d’Etat et les exhortations triomphalistes des Eglises réveillées.
Notre manuscrit disparut dans une arnaque digne des meilleurs romans policiers : il dérangeait beaucoup de monde. Mais qui vole un manuscrit ne vole pas le cerveau de l’auteur : nous pouvons aujourd’hui mieux qu’hier, cerner BOKO HARAM comme menace systémique, et proposer comment le combattre, avec l’éclairage des politiques erronées et contre-productives adoptées jusqu’à présent pour le défier sans l’atteindre. De quoi s’agit-il ?
2.- La montée irrésistible de BOKO HARAM ;
En à peine une demie-décennie, la secte Boko Haram a vu le jour et est rapidement devenue une menace qui fait trembler la majorité des pays d’Afrique Occidentale et Centrale, au point de les obliger à étaler au grand jour leur impuissance, leur irresponsabilité et leur aliénation.
La rançon du paiement des rançons est la montée en force du terrorisme.
Le paiement des rançons aux preneurs d’otages est en fait la seule réponse que les régimes camerounais et nigérian peuvent donner au problème de Boko Haram.
De toute évidence cette situation assure au Président camerounais un rôle qui n’est pas fait pour lui déplaire : il apparaît comme un vrai démiurge, un faiseur de miracles, libérateurs des otages, plus que jamais « homme de la paix » (la paix explosive du Cameroun)….
Hélas, les rançons permettent aux preneurs d’otages d’amasser à peu de frais et en peu de temps d’importants moyens financiers. Des moyens qui leur permettent de développer leur logistique, d’intensifier leur recrutement et d’accroître leur armement.
En toute logique, si les enlèvements s’avèrent rentables, avec le paiement de juteuses rançons, n’est-il pas naturel que leurs auteurs les multiplient ? Il ne saurait donc faire aucun doute que la vraie rançon du paiement des rançons est la montée en force du terrorisme.
Pourquoi s’obstine-t-on faire semblant d’ignorer cette vérité ?
Tout d’abord parce que dans nos régimes à gouvernance cleptomane le passage d’une grosse somme d’argent permet toujours des retenues à tous les niveaux. Ensuite parce qu’il faut bien reconnaître que le dispositif donne satisfaction à tout le monde : quand un chef d’Etat est prêt à offrir ses bons offices, pour faire payer les rançons et faire libérer les otages, en recevant des ravisseurs comme du ou des pays dont les citoyens ont été enlevés, des manifestations de gratitude, tout le monde y trouve son compte, sauf les peuples qui s’exposent inévitablement à de plus grandes menaces terroristes.
L’impressionnant Sommet de Paris contre BOKO HARAM
Manifestement gonflé à bloc par les rançons qui lui ont été versées, le groupe terroriste semble déjà avoir dépassé tous les régimes d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale au point d’acculer ceux-ci d’appeler les occidentaux à l’aide.
Le Président français, François Hollande n’a pas trouvé mieux que d’organiser aussitôt un sommet pour déclarer la guerre à Boko Haram : on se serait cru , à Paris, à l’entrée en scène de l’équipe de Nouvelle-Zélande de rugby les «All Blacks» face à l’équipe adverse….
Or le principe même d’un Sommet à Paris pour la Sécurité en Afrique n’est plus acceptable par les patriotes et les peuples africains. M. Hollande conviendra qu’il traîne comme un relent de paternalisme et de colonialisme qui pourrait nuire à ses nobles intentions supposées.
La mise en scène de ce sommet ne paraît pas en mesure de garantir son succès sur le terrain à la hauteur des objectifs annoncés avec une surprenante grandiloquence, alors qu’en matière de sécurité, la discrétion est toujours plus efficace que les rodomontades publiques. Et si malgré cette « déclaration de guerre » le groupe terroriste venait encore à faire durablement parler de lui ?....
3 .- Bref aperçu d’une politique anti-terroriste patriotique.
Que peut faire notre pays face à Boko Haram ? Il peut et doit, primo, sortir du confusionnisme idéologique, secondo, identifier en Boko Haram une menace systémique (et non circonstancielle ou ponctuelle), tertio agir d’abord au plan idéologique, et quarto, agir résolument au plan opérationnel. La nature délicate du sujet nous interdira d’entrer dans les détails techniques.
Sortir de la confusion idéologique
1°/ Pour combattre un phénomène, il faut d’abord clairement l’identifier. Si l’on commence par semer la confusion et le doute sur la nature même de Boko Haram, on brouille les pistes pour empêcher tout effort sérieux visant à le combattre.
C’est ainsi que, entre autres fantasmes qu’ils développent au sujet de la secte, les idéologues du régime et autres griots de la dictature, en sont venus à considérer Boko Haram comme une « mise en scène occidentale pour déstabiliser nos pays » Du délire.
L’Occident, le mot est lâché ! Et quand il l’est, on peut se permettre de se débarrasser de tout souci d’analyse des faits et même de toute logique scientifique.
Au nom du postulat selon lequel tous nos maux viendraient de l’Occident, on donne libre cours à la démagogie et même au mensonge, pour soutenir toutes les incohérences de la politique du régime (ou plutôt de l’absence de politique des régimes de Yaoundé et de Abuja) en matière de lutte contre le terrorisme. Or ce sont notamment les incohérences du pouvoir néocolonial camerounais qui ont permis à Boko Haram de prospérer de manière exponentielle. On explique le refus opposé à la demande nigériane du droit de poursuivre les bandes de Boko Haram en territoire Camerounais par la crainte que les Américains risqueraient d’en profiter pour s’infiltrer au Cameroun ! N’importe quoi !... Or, ce refus du droit de poursuite fait de notre territoire un sanctuaire pour la secte, dès lors que l’Etat camerounais n’a pas de politique de lutte contre le terrorisme et entretient avec la secte des contacts qui permettent des négociations pour les paiements des rançons et les libérations des otages…Un bon business…
Avec la fausse diabolisation de l’Occident, le confusionnisme idéologique est pratiquement le courant dominant dans la vie politique africaine. Nous parlons de fausse diabolisation parce que les principaux auteurs de celle-ci ont toujours les plus étroites relations économiques avec les Occidentaux : vers qui allait tout le pétrole libyen ? Où étaient logés les milliards de Khadafi ? A quelles menaces étaient exposés les intérêts français en Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo ?
Il a suffi d’une timide et normale ouverture de notre pays à la République Populaire de Chine où Félix Moumié et Kingué Abel furent les premiers à stimuler l’intérêt pour le Cameroun et l’Afrique, pour que le régime néocolonial camerounais et ses griots cherchent à se poser en « nationalistes », pourfendeurs de l’Occident…
Tous ses frères et sœurs de la franc-maçonnerie africaine ont défilé à Abidjan pour manifester leur solidarité à Laurent Gbagbo, mais sous le masque du panafricanisme, pour en faire un héros de la révolution africaine… N’y a-t-il pas là une part d’escroquerie intellectuelle ? Mais on ne pourra pas camoufler définitivement à l’Histoire l’analyse critique des choix politiques du Président ivoirien.
Sous Khadafi, la diabolisation de l’Occident a permis momentanément aux islamistes militants d’Afrique de se poser en avant-garde de la révolution africaine. Peut-être sont-il ouverts aujourd’hui à une vision ou approche plus objective de la lutte ?
Boko Haram est une menace systémique.
2°/ L’objectif stratégique de Boko Haram en tant que groupe intégriste islamique radical est d’œuvrer à l’islamisation totale de l’Afrique par la violence, de promouvoir par la violence, la pratique d’un Islam radical, appliquant la Sharia. La menace que représente ce groupe n’est donc pas ponctuelle, elle est stratégique : elle porte sur le long terme et vise le mode de vie des Africains. Elle est systémique. Et parce que la
nature de la secte est à la fois religieuse et militaire, il faut en situer la force et la combattre au double plan idéologique et opérationnel (militaire). On peut déplorer le fait que le régime croie qu’en faisant défiler de la brocante d’armement le 20 Mai, dont l’achat est l’occasion de détournements fabuleux comme le suggérait la dénonciation d’un journaliste aussitôt zigouillé, il calme réellement la profonde inquiétude des Camerounais.
Au niveau idéologique, il s’agit de maîtriser et critiquer les fondements religieux de la secte, pour les différencier, aux yeux des masses musulmanes des sains fondamentaux de l’Islam. Aussi longtemps que cet effort ne sera pas fait, celui d’une dissociation répulsive des théories malsaines de la secte par rapport aux vrais fondamentaux islamiques, tous les efforts qui seront déployés pour vaincre Boko Haram seront vains.
Au plan opérationnel, on pourra ensuite considérer Boko Haram comme un simple groupe militaire et mettre en œuvre une stratégie militaire efficace pour le neutraliser. Nous devons hélas constater que l’inconsistance dont les Etats-Majors camerounais et nigérians ont fait preuve jusqu’à présent face à Boko Haram est désolante.
L’action idéologique
3°/ L’action idéologique face à un groupe militaro-religieux est fondamentale. Mais avant d’en préciser les éléments, il nous faut souligner deux préalables de notre politique anti-terroriste patriotique, à savoir, d’abord qu’elle ne peut et ne doit compter que sur nos forces, et exclut donc tout recours aux occidentaux, ensuite, qu’elle ne peut être efficacement mise en œuvre qu’avec de nouvelles forces armées de défense camerounaises profondément réorganisées et mises en état d’opérationnalité optimale. En clair, ce n’est pas avec la bureaucratie militaire corrompue actuelle qu’on peut lutter contre le terrorisme : il faut sortir le pays de la gadoue.
a) La première mesure idéologique serait d’organiser dans notre pays une Conférence Africaine sur l’Intégrisme islamique et le Terrorisme, à laquelle prendraient part les principaux Imams du Cameroun et les grands Chefs religieux africains ayant des fidèles dans notre pays. Cette Conférence permettrait au peuple camerounais d’identifier les courants islamistes favorables au terrorisme et ceux qui n’acceptent pas de s’en faire les complices.
b) La deuxième mesure idéologique serait d’engager, après la conférence ci-dessus, une sensibilisation générale du peuple sur le terrorisme de Boko Haram, avec des dispositions spéciales en zones frontalières.
c) La troisième mesure idéologique (à la limite de l’opérationnel) serait de sécuriser les marchés et les lieux de grande fréquentation du public. Avec un dispositif spécial pour les grandes manifestations sportives culturelles.
L’action opérationnelle (militaire)
4)°/ Primo : aucune rançon ne serait désormais payée à Boko Haram et toute relation avec le groupe serait interdite. Et il serait demandé aux expatriés de ne pas mettre pied dans les zones à risques. Et au cas où des étrangers devraient se trouver dans des zones à risques, ils seraient sous protection militaire renforcée.
Secundo : le droit de poursuite réciproque et la coopération militaire et sécuritaire seraient reconnus avec tous les pays limitrophes en matière de lutte contre le terrorisme.
Tertio : Des unités de réaction immédiate en état d’alerte permanent seraient stationnées aux zones frontalières sensibles.
Quarto : Des techniques opérationnelles de recherche du contact et du combat seraient appliquées pour neutraliser le groupe Boko Haram qui n’est en réalité qu’un recyclage d’anciens coupeurs de route et voleurs de bétail devenus enleveurs de civils et de jeunes filles sans défense, que nos soi-disant généraux bardés de médailles de pacotille craignent de combattre par pure lâcheté.
CONCLUSION
Camerounaises, Camerounais, Chers Compatriotes,
Boko Haram est une menace sérieuse. Vous le savez, notamment parce que cette secte ne cesse de nuire impunément à nos populations. Nous pouvons la combattre efficacement et la vaincre. Par contre, bien que disposant d’arsenaux pour lutter contre les populations, les régimes néocoloniaux avouent leur impuissance face à Boko Haram et appellent les Occidentaux à l’aide. Ce n’est pas la voie du salut.
Il faut nous débarrasser de ces régimes et assumer notre destin. ? Nous le pouvons et nous le devons.
VIVE LE CAMEROUN !
· Ngouo WOUNGLY-MASSAGA fut dans sa jeunesse, collaborateur du Président KWAME NKRUMAH pour les mouvements de Libération. Il a participé a la création des premières unités des forces armées populaires de libération de l’Angola (Commandant Gama), collaboré à la relance de la lutte au Congo Kinshasa des groupes Mitudidi, Mukuidi. Commandant en Chef Opérationnel du IIème Front de l’Armée de Libération Nationale du Kamerun (ALNK), « Abé éne Ndjoum », le Commandant KISSAMBA est le tout dernier survivant des leaders de la lutte pour la Réunification et l’Indépendance du Kamerun. Membre du Comité Révolutionnaire de l’UPC présidé par Ernest OUANDIE, il a été le dernier Secrétaire Général de l’UPC unie.
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