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AFFAIRE ME LYDIENNE EYOUM : UN PROCES, MILLE LEÇONS par Michel Biem Tong

La condamnation de l’avocate française d’origine camerounais le 26 septembre dernier à 25 ans de prison ferme envoie de signaux inquiétants sur la conduite et la crédibilité de l’opération anti-corruption Epervier.
Elle en a pris pour 25 ans ferme, Me Lydienne Eyoum. Les juges du Tribunal criminel spécial de Yaoundé ont eu la main assez lourde. Si l’avocate franco-camerounaise venait à purger l’intégralité de sa peine, elle aurait 75 ans (elle en a 55 ans). Nous serons donc en …2035. Année en laquelle le Cameroun est censé devoir atteindre son émergence. Et Me Eyoum courre le risque de ne plus avoir la possibilité d’y apporter du sien. Elle a été abattue en plein vol vers une carrière qui se voulait prometteuse au sein du barreau camerounais. Une carrière qui a commencé en début des années 1980. Me Eyoum avait alors 25 ans.

Mais le coup de glaive du 26 septembre dernier a scellé le sort de l’avocate française. Sous réserve, bien entendu, d’une possible grâce présidentielle ou d’un éventuel acquittement prononcé par la Cour Suprême. Mais l’affaire Me Eyoum, en plus du dénouement que l’on sait est porteuse de pas mal d’enseignements.
Amalgame
D’abord au sujet de l’opération anti-corruption ‘Epervier elle-même. A mesure que le temps passe et que les victimes de cette campagne dite de salubrité publique s’amoncèlent, l’on se rend de plus en plus à l’évidence qu’au Cameroun, le combat acharné contre les « voleurs » de l’épargne commune des Camerounais fait perdre leur sang-froid à ceux qui sont chargés de l’implémenter. Au point que dans un amalgame qui le dispute à la confusion, tout est assimilable au denier public. Même les simples dépends (1,070 milliards de F Cfa), conférés à une avocate défendant un Etat suite à une décision de justice qui clot un contentieux juridique opposant cet Etat à une banque, deviennent des deniers publics. Il faut vraiment le faire ! Mais rien de nouveau sous le soleil camerounais car on en a vu d’autres.
Ensuite, à propos de la profession d’avocat au Cameroun. C’est dire s’il y a péril en la demeure. Qui peut lever le petit doigt et jurer qu’après Me Eyoum, d’autres hommes en robes noires ne suivront pas ? Tant les batailles entre pontes du régime au sommet de l’Etat camerounais pour le contrôle de gros sous sont légions. Et malheur à l’avocat qui, désormais, se trouvera au mauvais endroit au mauvais moment. Il court le risque d’être emporté comme l’a été Me Lydienne Eyoum. En un mot, il y a à craindre pour les avocats qui défendent les intérêts de l’Etat car il suffit d’un contentieux d’honoraires avec leur client, il suffit que le chef du département ministériel ou de l’établissement public dont ils sont conseils ne soit pas en odeur de sainteté avec un grosse légume du sérail pour que le danger du trou carcéral les guette.
Autorité de la chose jugée
Autre enseignement, l’indépendance de la justice camerounaise. Dans un précédent article publié par votre site d’information (http://www.camer.be/35941/11:1/cameroun-affaire-ex-oncpb--voici-les-geoliers-de-me-lydienne-eyoum-cameroon.html),nous nous sommes évertués à démontrer le rôle néfaste de certains proches collaborateurs de Paul Biya dans cette affaire qui date de 1994. Ces derniers ont pris fait et cause pour une partie perdante à l’issue d’un procès. Cette seule affaire est le symbole de l’inféodation continue du judiciaire par l’exécutif et la décision du Tcs du 26 septembre dernier n’en a été que la forme achevée. Dans ce dossier, les décisions de justice, quoiqu’ayant revêtu autorité de la chose jugée, n’ont compté que pour du beurre.
Enfin, sur le plan économique. L’affaire Me Lydienne Eyoum est un bon signe pour tous ces opérateurs économiques véreux qui prennent le risque de venir investir au Cameroun. En effet, il suffira simplement pour eux d’avoir un bras long pouvant toucher le premier Ministère ou la Présidence de la République pour avoir gain de cause même à l’issue d’une décision de justice en leur défaveur. Comme l’a fait la Société générale de banque au Cameroun qui a fait feu de tout bois pour torpiller les jugements et arrêts des tribunaux et cours qui la sommait de payer à l’Etat du Cameroun son dû. Et Me Lydienne Eyoum l’a payé salée, la note. Elle en aura pour 20 ans encore, la pauvre.
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