J'ai hésité avant de prendre ma plume pour réagir à l'interview de Enoh Meyomesse accordée la semaine passée au Messager et référencée en bas de page , le risque étant de se voir reprocher de tirer sur une ambulance. Mais il est des situations où le silence est une faute, voire une injustice. Il ne s'agit pas dans cette tribune d'assommer un homme déjà tourmenté par la prison, mais de remémorer ses actes d'hier. Il s'agit aussi d'interpeller une nouvelle fois tous ceux-là qui comme Enoh hier, vivent encore aujourd'hui dans leurs fantasmes et un égarement dangereux. Il ne s'agit pas non plus pour moi ici de dédouaner la France ni les Occidentaux de leurs méfaits coloniaux.
Je reproche 2 choses à monsieur Enoh : son soutien aux massacres de Laurent Gbagbo et son anticolonialisme dogmatique qui fait de la France ou de l'Occident la cause et même l'excuse de tous nos problèmes.
Je reproche 2 choses à monsieur Enoh : son soutien aux massacres de Laurent Gbagbo et son anticolonialisme dogmatique qui fait de la France ou de l'Occident la cause et même l'excuse de tous nos problèmes.
1) SON SOUTIEN AUX MASSACRES DE LAURENT GBAGBO EN COTE D'IVOIRE
D'abord, pour les "démocrates" de l'opposition camerounaise qui reprochent à monsieur Biya la confiscation du pouvoir, il était incohérent d'appuyer un dirigeant qui n'avait pas caché QU'IL GAGNE OU QU'IL NE GAGNE PAS, il se maintiendrait au pouvoir. Pour faire respecter son option de confiscation du pouvoir et sanctionner un peuple qui n'avait pas voté pour lui, Gbagbo imposa un bain de sang, ses forces et ses médias invitant les mécontents, les protestataires à venir prouver la victoire de son rival, par l'acceptation de se faire tuer…Ainsi de décembre 2010 à avril 2011, le monde entier aura été témoin de la bravade dictatoriale d'un homme, avec des milliers de morts sous les applaudissements de certains "démocrates". Pire, dans un déni ou délire de réalité, d'autres affirmèrent que les morts étaient une fabrication des médias occidentaux…
Résultat de cette folie meurtrière: une cellule de 10 m2 à la Haye avec une inflation des recours…Il y a des avocats de certains détenus de la CPI qui n'iront pas en vacances cette année, atteints de la maladie des recours, pour tenter de redonner la liberté à un homme qui aura tout fait pour en être privé. Comme d'autres l'ont fait avant lui, il aurait pu partir après sa défaite, sans bain de sang et ne pas être inquiété par la CPI.
Ensuite, dans cette interview, Enoh déclare que la Justice camerounaise est aux ordres. Il découvre finalement qu'une institution peut être aux ordres. Nous croyions parler le chinois, à force de marteler que nos "institutions souveraines" ne sont pas crédibles. Enoh et certains de ses pairs de l'opposition restaient sourds et demandaient aux Ivoiriens de se soumettre à leurs institutions. D'où vient-il donc qu'il pleure maintenant et ne veuille pas se laisser broyer par nos fameuses "institutions"? Lui qui est encore vivant, contrairement aux nombreuses victimes de son héros?
Monsieur Enoh et ses pairs n'avaient-ils pas en 2011 l'intelligence de savoir qu'en Afrique le Conseil constitutionnel (Cour suprême au Cameroun ), généralement nommé par le président, est à ses ordres, à sa solde? Était-il si difficile de comprendre la forfaiture d'une institution qui avait proclamé les résultats de son choix? Etaient-ils convaincus que c'est la haine hypocrite de la France ou un pseudo-discours anti-néocolonialiste qui fait gagner une élection? Et non des alliances stratégiques et solides de certains poids lourds?
Ensuite, dans cette interview, Enoh déclare que la Justice camerounaise est aux ordres. Il découvre finalement qu'une institution peut être aux ordres. Nous croyions parler le chinois, à force de marteler que nos "institutions souveraines" ne sont pas crédibles. Enoh et certains de ses pairs de l'opposition restaient sourds et demandaient aux Ivoiriens de se soumettre à leurs institutions. D'où vient-il donc qu'il pleure maintenant et ne veuille pas se laisser broyer par nos fameuses "institutions"? Lui qui est encore vivant, contrairement aux nombreuses victimes de son héros?
Monsieur Enoh et ses pairs n'avaient-ils pas en 2011 l'intelligence de savoir qu'en Afrique le Conseil constitutionnel (Cour suprême au Cameroun ), généralement nommé par le président, est à ses ordres, à sa solde? Était-il si difficile de comprendre la forfaiture d'une institution qui avait proclamé les résultats de son choix? Etaient-ils convaincus que c'est la haine hypocrite de la France ou un pseudo-discours anti-néocolonialiste qui fait gagner une élection? Et non des alliances stratégiques et solides de certains poids lourds?
Pour finir, et comme un certain Charles Onana, monsieur Enoh a fait don à Gbagbo d'un ouvrage négationniste, "LAURENT GBAGBO:CONTINUATEUR DE PATRICE LUMUMBA". Quelle profanation! Combien de Congolais ont été tués par Lumumba pour assouvir sa soif de pouvoir? Combien d'Africains (Maliens, Guinéens, Burkinabe, etc.ont été tués ou pourchassés par lui? Quelle forme d'Ivoirité à la Congolaise a-t-il pratiquée? Lumumba prétendait-il être plus Congolais que les autres? Incitait-il à la haine de l'Africain par l'Africain? Quels contrats, quelles activités ou ressources, quels marchés a-t-il cédés? A-t-il financé une campagne électorale en France , en Belgique? Indubitablement, Enoh aurait beaucoup d'amertume (comme les victimes de Gbagbo) à lire un livre vantant et glorifiant ses tortionnaires actuels comme étant des héros.
2) SON ANTICOLONIALISME DOGMATIQUE
A travers ses écrits, Enoh fait partie de ces individus qui ont rendu un extraordinaire et gratuit service au pouvoir en place, en endoctrinant et en divertissant l'opinion, présentant la France comme le plus grand danger pour le Cameroun. Rendant ainsi de plus en plus difficile la mobilisation de cette opinion pour défendre les bonnes causes. Des Camerounais demandent sans détours de ficher la paix à Biya et à sa clique. Pour eux, "Notre problème c'est la France et les Occidentaux ".
Or, Enoh affirme dans cette même interview que ses tortionnaires, une certaine "élite du Sud", sont prêts à tout pour conserver le pouvoir, y compris à incendier le pays. Il tranche sans appel: "Ils sont sans état d'âme". ENFIN LA LUMIERE ET LA VERITE QUE DECOUVRE ENOH AUJOURD'HUI. Des esprits avisés ont pourtant toujours demandé de rechercher d'abord en nous-mêmes les causes de notre échec (car c'est nous qui refusons le développement), avant d'aller trouver ailleurs le coupable imaginaire responsable de tous nos maux. Ce n'est donc plus la France notre plus grand danger? Cet ennemi qui voudrait organiser le chaos dans le pays? Désormais débarrassé des fantasmes habituels caractéristiques des anticolonialistes dogmatiques, Enoh vit dans un Réel qui a fait sauter le mot "France" de sa bouche.
Ce n'est donc plus Paris qui nomme les dirigeants et décide en matière de dévolution du pouvoir au Cameroun? Combien de fois faut-il répéter que la France n'empêche personne de quitter le pouvoir? Je me rappelle encore de ce jour où j'ai rencontré un grand Africain, Abdou Diouf dans le TGV THALYS Bruxelles-Paris. Mon échange avec lui n'avait fait que renforcer mes convictions sur la question de l'éternisation au pouvoir. Que des adultes arrêtent de se raconter des bobards: toute personne qui voudrait quitter le pouvoir le fait librement. Abdou Diouf, sans garde du corps, est un homme libre comme beaucoup d'anciens présidents africains qui n'ont pas la hantise de la CPI.
En conclusion, à travers Enoh Meyomesse, ce sont tous les anticolonialistes dogmatiques qui sont victimes de leurs propres croyances et de leurs raisonnements obscurs. Chacun a le droit a l'erreur et Enoh peut être pardonné. Mais le repentir est la condition du pardon. Bienvenue à Enoh dans notre famille de l'Anticolonialisme lucide. Je garde encore le souvenir pendant la crise ivoirienne de cette correspondance dans laquelle il affirmait que nous autres ne comprenions rien. Néanmoins, je soutiens sa libération car je n'ai pas la vision d'un Cameroun où on s'approprie les institutions étatiques pour décider de la vie, de la mort…
Enfin, à ceux qui parlent de partialité et réclament un Procès pour toutes les parties de la crise ivoirienne, je réponds qu'il faudrait d'abord tenir un procès pour nos parents qui combattirent le Colon, un Procès pour les tutsi qui tuèrent des (génocidaires) hutu, un Procès pour les Juifs ou non Juifs qui tuèrent des Nazis. Pour moi, un procès pour tous ne serait pas le reflet de la Justice. Les médiocres qui à travers des programmes génocidaires, des politiques de discrimination et d'injustice, de dictature, etc. engendrent des guerres, des rébellions, etc. doivent assumer seuls l'ensemble des faits.
Guillaume Soro, Mandela, Um Nyobé, Ouandié etc. qui ont eu le courage de vouloir en finir avec l'oppression et l'injustice dans leur pays, ne méritent pas un "jugement". Ce sont eux, il me semble, les véritables Héros.
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