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ROSETTE MBOUTCHOUANG LAISSE UN CAILLOU DANS LE RDPC par Pauline Poinsier-Manyinga

Les Bamilékés qui ont permis l’élection de Rosette Mboutchouang à la mairie de Bangou l’ont-il fait par intérêt, par amour ou par peur de représailles ? Mme Mboutchouang Rosette de Nanga Eboko, est originaire du département de la Haute Sanaga dans le Centre. Mais grâce aux liens du mariage (ou aux rapports de force avec le pouvoir », elle est devenue, par 02 fois, maire de la commune de Bangou. Nonobstant quelques grincements de dents aigris… Voir son corps refusé aujourd’hui à la commune qui lui a fait tant confiance risque, en effet, de créer problème, et jeter du discrédit sur le Rdpc, et sur Paul Biya.

Rosette  Mboutchouang militait dans le Rdpc. La résolution de l’enterrer à M’vomeka au détriment de Bandenkop va relancer le débat. On va donner raison à ceux qui ont barré la route à ces femmes candidates aux élections dans le fief de leur mari. L’une des raisons avancées était justement leur fiabilité sur le long terme… On se souvient, en Sanaga Maritime, du cas de Mme Yinda, née Ntonga Yvette. Mariée depuis plus de 40 ans à Louis Yinda, l’inamovible Dg de Camsuco, cette native de Nsam-Efoulan à Yaoundé s’est vu « arracher la victoire » à la mairie de Pouma, du fait de son statut d’ « étrangère » !
Aujourd’hui malheureusement, l’histoire donne raison à ceux qui pensent qu’au moindre couac, une non native peut toujours filer dans sa famille, donc, qu’elle n’est pas digne de confiance, donc, qu’il vaut mieux une native qui n’oubliera jamais ses origines. Les funérailles annoncées à Bandenkop après son enterrement à M’vomeka sont l’illustration parfaite du pouvoir et montrent à quel point la force peut savoir emprunter le visage de la raison d’Etat pour intimider les faibles dans leurs droits.
L’alternative de les annuler « si cela nuit à l’intégrité de l’Etat » comme l’écrit Le Jour nous confortent tout autant sur la fragilité des choses solennelles. Chantal Biya et son président de mari ont vraiment décidé de s’accaparer du corps de leur mère et belle-mère ! Ils ont leurs raisons. Mais ils n’ont pas forcément raison. Oui, il y a quelque chose qui ne va pas. Mme Rosette Mboutchouang était-elle une femme d’Etat ?
Au cabinet civil de nous le dire. A notre connaissance, le seul, l’unique lien officiel qui reliait jusqu’à présent Rosette Mboutchouang à l’Etat du Cameroun, c’est son statut de Maire de la Commune de Bangou depuis 07 ans. Elle décède au beau milieu de son 2ème mandat. L’autre lien, c’est son statut de mère de l’épouse du président. Fut-il le plus précieux et le plus intime, c’est un lien purement familial. L’autre lien plus fort, c’est son statut officiel de femme mariée : « l’homme quittera son père et sa mère, et tous deux ne ferons plus qu’une seule chose ». C’est Dieu lui même qui parle ! Pour dire qu’une fille mariée doit toujours penser à sa maman, et qu’un beau-fils se doit des obligations dans ce sens. Mais cela donne-t- il le droit d’aller interférer dans la famille conjugale de sa mère ou de sa belle-mère ?
Les seules fois où j’ai entendu ces choses, c’était je crois, avec des militaires. Un rapport de force, où l’argent et le pouvoir l’emportent sur le droit ou la raison. Si c’est çà qu’on appelle « raison d’Etat », alors, oui, je suis entièrement d’accord pour que la dépouille de Maman Rosette traverse Bandenkop où elle est dûment mariée, Bangou dont elle était le maire, Nanga Eboko son village natal et même Dimako, chez ses oncles maternels - parfois l’unique issue dans certains conflits où prime le matriarcat -, pour enfin aller se lover à M’vomeka, chez son beau-fils ! Ailleurs, on crierait au sacrilège. Ici, on préfère évoquer la raison d’Etat… Si je faisais de la politique, je me sentirais hautement interpellée.
Je braquerais le volant de ma campagne électorale sur cette boîte de Pandore qui ouvre la brèche au tribalisme que pourtant dit-on, l’on condamne officiellement. Je le braquerai sur le virage des droits et des devoirs des épouses issues de tribus qui n’ont pas grand-chose en partage…Au risque de déraper. Mais la vérité, la vraie, ne chausse pas de crampons. Pax Eternam.
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