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Cameroun,Dans l’Attente de 2018 au Cameroun: Les Acteurs se Positionnent ils ? par Bazou Batoula


Si tout suit son cours normalement (ce qui me semble être le mot d’ordre actuel), le Cameroun ira crescendo vers un moment d’excitation. La corde deviendra de plus en plus raide à l’approche de cette échéance d’alternance du pouvoir. Remettre le titre de Mr Barthelemy en jeu, tel est le tournoi qui se prépare déjà. Il faut être naïf pour s’imaginer le contraire. Tous les acteurs se sentent ils suffisamment concernés.

Le Cameroun a le malheur de se trouver sur le chemin des autres. Que ce soit culturellement, idéologiquement, spirituellement, sportivement, etc….et surtout ECONOMIQUEMENT. On connaîtra les douleurs de l’enfantement ou la douceur du miel lorsque la décision finale sera posée sur notre cas. Pour ma part, je crois qu’on n’évitera pas notre « Algérisation ». Car tous les ingrédients seront réunis pour. Primo, le pays va forcement se militariser. Peut être que cela n’était pas prévu, mais les évènements à consonante sécuritaires s’imposent à nous. On n’a qu’à voir qui est à nos frontières Nord et Est. Donc, l’armée va de facto être mise au devant de la scène. Secundo, le nationalisme va bizarrement être libéré. On n’a qu’à voir le sens que prend le commentaire du Camerounais lambda ou ce qui se passe sur les réseaux sociaux. On dirait qu’il a reçu le mot d’ordre concernant un complot contre son pays et du coup se braque face à la menace externe. Et cerise sur le gâteau, le peuple en interne grogne de plus en plus fort contre ceux qui  disposent de lui depuis un demi siècle. Les langues se lâchent, les critiques envers le régime pleuvent notamment sur les mass-médias camerounais. Ces trois gros éléments réunis, il n’échappe à personne que sans une force non encore souillée, inconnue du peuple, naturellement respectée de celui-ci et n’ayant par principe pas un discours politicien (donc de mensonge), 2018 risque de nous réserver des surprises. Or s’il y a une chose que la gestion du risque n’apprécie guerre, c’est justement d’être surpris. Conclusion, je parie tout sur l’armée.


Mais en attendant, que fait le petit peuple ? Que fait la classe moyenne ? Que fait la société civile ? Que fait la diaspora ?

Chacune de ces entités  vit ses propres réalités. Il y a des milliers de familles au Cameroun qui croupissent avec moins de 1 000 cfa par jour. Malheureusement, je ne vois pas comment cela va changer d’ici 3 ans. Même Mr. Barthelemy  se demande pourquoi la mayonnaise ne prend pas. « Que nous manque t- il donc pour décoller », s’était il interrogé. Il y en aura donc toujours qui auront simplement à coeur de résoudre cette question intestinale. Ce combat me semble légitime à condition qu’ils mettent leurs oeufs dans le bon panier. Tout faire pour gagner leur dignité et sortir de cette situation de misérabilisme extrême dans laquelle ils sont.

La Classe Moyenne, entité frontière constituant le thermomètre de toutes les sociétés du monde a perdu de beaucoup. Les ravages décisionnels en haut lieu l’ont ramenée à un état de presque pauvreté. Il était normal pour un enseignant d’université ou un médecin de louer un appartement moderne, de se véhiculer, d’envisager un avenir simple pour sa progéniture et même d’épargner. Aujourd’hui, peut-on encore s’en venter ? Non, notre Classe Moyenne est diminuée. Je crois que son espoir réside dans son cerveau. Car c’est cette partie du peuple qui représente la science et la connaissance du pays. Son tort, c’est sa désorganisation et sa perturbation. Quelle est la force du Barreau, de l’Ordre des Médecins, du Syndicat des Enseignants ? Tous ont été mis au pas. Il paraît que l’Association des Mototaxis a plus de poids.

Dans l’ensemble, il me semble claire que ce qu’on qualifie de Société Civile au Cameroun a certes des éclairs d’apparition et de position, mais soyons sérieux, elle ne fait pas et n’a jamais fait le poids. On peut même dire en toute objectivité qu’elle n’existe pas. J’observe que tous les ingrédients de sa construction et de son projet sont présents, mais l’organisation même virtuelle d’une Société Civile active au Cameroun n’est pas encore de mise. Va-t-on en rester là ?

Du coup, on va se tourner vers le politique. Là encore, les écarts sont trop grands. On est à se demander si le parti des flammes n’a pas plus peur de lui-même que de l’Opposition. Car si opposition il y a, on peut sans difficulté dire qu’elle a été usée et émiettée. Tant les leaders que les suiveurs ont été torturés. Certes, quelques opportunistes ont cru bon de mettre fin à leur calvaire en prenant place à la table du roi, mais leur situation observe-t-on n’est pas épargnée pour autant. Je rappelle que je ne leur porte point jugement. Qu’auriez vous fait à leur place ? Cependant, je me permets de croire que l’Opposition saura tirer les leçons de ces 30 dernières années et comprendre comment se dessine la pyramide du pouvoir au Cameroun, dans l’espace francophone et même au delà. A ce moment là, on évitera les « on sortira nos machettes «, pour venir 10 jours après dire « ne vous inscrivez pas sur les listes « et à un mois du scrutin accepter « inscrivez-vous vite «. Que du ridicule ! Espérons donc qu’elle pourra en toute humilité décider si c’est bien au Cameroun qu’elle compte gouverner dans de telles incohérences et agir enfin en conséquence.

Et la Diaspora dans tout ça ? Je n’ai plus aucun doute. Cette entité spécifique jouera un rôle plus que déterminant. Elle prêtant avoir de l’argent. Par comparaison avec son homologue local, ce n’est pas si faux que ça. Elle prêtant avoir des compétences dont le pays a besoin pour booster son décollage. Au vu de leur nombre, de leur qualité et de l’étendue de leur activités, oui il n’est même pas pensable de passer à côté d’une telle ressource. Elle dit avoir des relations. Ce qui est vrai même si cela me semble être sa principale faiblesse, si l’on considère son manque d’organisation comme quelque chose de surmontable d’ici là. Elle a enfin pu observer comment fonctionne le monde. Si elle est honnête et volontariste, elle saura se faire écouter. Espérons donc qu’elle ne mourra pas de son orgueil aveuglé, car au final sans elle le pays ne disparaîtra pas pour autant.

En définitive, si les différents acteurs s’organisent maintenant (3 années, ça passe vite), si ils anticipent sur base de leur héritage et de leurs attentes les options de leurs adversaires, chacun aura une raison de revendiquer un bout de ce gâteau qu’est le Cameroun. Mais ceux qui n’auront pas fait leur travail seront encore fragilisés. Ceci sans oublier qu’ailleurs, un travail similaire est méthodiquement élaboré avec le même but : Pomper les richesses du pays. Evitons donc la surprise.


Par Bazou Batoula (bazou.batoula@gmail.com
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