Il n’ya aucun
doute, le Cameroun fait l’objet d’attaques répétées, de pilonnages nourris et
de prises d’otages fréquents, principalement à l’Extrême-Nord du pays. Même si
la riposte, semble-t-il, est à la mesure des attaques, l’observateur intéressé,
ne peut s’empêcher de se questionner sur un certain nombre d’actes qui semblent
ne pas avoir été pris, et des faits qui n’arrivent étonnamment pas.
D’abord les actes
La guerre
ouverte est une situation conflictuelle entre des entités opposées quelqu’en
soit le motif. Lorsqu’elle touche un Etat constitué, celui-ci déclare la guerre
à l’ennemi. Ce qu’a bien fait le Président camerounais dans un pays étranger (
?) au Cameroun. Mais, l’article 9 de la Constitution camerounaise du 18 janvier
1996, a posé les jalons de ce que devrait faire ce dernier en cas de crise
majeure menaçant la République. En effet, aux termes de l’alinéa 1er de cet
article, le Président de la République peut, lorsque les circonstances l’exigent,
proclamer par décret, l’état d’urgence qui lui confère des pouvoirs spéciaux
dans les conditions fixées par la loi. L’alinéa 2 du même article n’en démord
pas car, dispose-t-il :
-
le Président de la République peut,
en cas de péril grave menaçant l’intégrité du territoire, la vie, l’indépendance
ou les institutions de la République, proclamer, par décret, l’état d’exception
et prendre toutes mesures qu’il juge nécessaires. Il en informe la nation par
voie de message. Si donc le Cameroun est en guerre… comme cela est perceptible
sur le terrain, et tel que le discours politique le proclame, pourquoi ne le
fait-il pas ? Devrait-on comprendre qu’il n’existe à ce jour « aucun »
péril grave menaçant l’intégrité du territoire, la vie, l’indépendance ou les
institutions de la République ? Ou que le Cameroun, qui demande de plus en plus
l’intervention de la communauté internationale, notamment des pays du bassin du
Tchad, reste capable de faire face, tout seul, à ces attaques qui s’intensifient
telles une véritable peau de chagrin à ses frontières? Le verbe ‘’pouvoir ‘’
conjugué à la 3ème personne du singulier « peut »), visé supra,
est-il vraiment dans le cas d’espèce, un pouvoir discrétionnaire ou une compétence
liée ?
Ces
questionnements sont d’autant plus pressants qu’un état d’urgence fut déclaré
dans la province du Nord-Ouest en 1992, pour un cas apparemment beaucoup moins
menaçant, suite à la proclamation des résultats de l’élection présidentielle,
qui vît l’auto-proclamation de la victoire du charismatique chairman
du SDF d’alors...Par ailleurs, il y a quelques années, en 2001, fort du phénomène
du grand banditisme à Douala, le Président n’avait pas hésité à mettre en place
le « commandement opérationnel » pour endiguer cette désastreuse
situation.
En attendant
que les spécialistes se saisissent de ces questionnements, il est tout aussi
curieux de constater quelques faits.
Les faits qui étonnent
Depuis le déclenchement
de la guerre aux portes du Cameroun, et en dépit des dizaines de morts
enregistrés au front, aucun responsable institutionnel de premier rang n’est
allé remonter les troupes, y compris en visite surprise. Cette semaine, l’on a
tout de même enregistré la visite du Secrétaire d’Etat à la Défense chargé de
la Gendarmerie. En espérant qu’il est y allé pour préparer le terrain, l’opinion
reste attentif aux gestes du Chef de l’Etat à ce propos.
Par ailleurs, le Président n’a toujours pas
expliqué aux camerounais de quoi il s’agit afin que toutes les forces vives de
la nation se mobilisent (comme cela a souvent été le cas en d’autres
circonstances, notamment à l’occasion du report des élections en 2007 ou du
coup de coeur de 1990) pour faire face à cette guerre. Ce flou entretenu est d’autant
plus patent que le discours du Président est fluctuant à plus d’un égard : En
France, lors du sommet de Paris sur la sécurité au Nigéria, le 17 mai 2014, il
avait parlé du groupe terroriste BOKO HARAM. Il l’avait encore déclaré peu
avant son voyage pour le Sommet Etats-Unis/Afrique, le 02 août 2014. Mais, dans
sa dernière adresse à la nation, il a parlé des « soit disant djihadistes ».
Serait-ce la preuve qu’il ne croirait plus lui-même à l’identité des fauteurs
de guerre ?
Au surplus, l’on
reste toujours perplexe à l’idée de savoir qu’en dépit des annonces et autres
rappels à la réduction du train de vie de l’Etat, le gouvernement n’a pas
drastiquement été réduit, que des hommes de poigne et de mission n’aient pas été
nommés pour faire face la guerre. Enfin, il est à se demander comment est-ce
possible qu’en état de guerre, l’administration civile continue à diriger une
circonscription administrative aussi étendue que l’Extrême-Nord du Cameroun ?
Mieux, comment déclarer à haute et intelligible voix que le Cameroun n’attendait
pas cette guerre lorsqu’on sait qu’il a une armée et que le dicton «
qui veut préparer la paix, prépare la guerre » est bien connu des
responsables de l’armée du Cameroun ?
Voilà autant de
questionnements qui donnent le tournis à l’observateur. Aussi, si donc le
Cameroun est en guerre…pourquoi ne donc pas prendre les mesures adéquates
suffisantes? Voici une bouteille jetée à la mère avec la mention «
attrape qui pourra ! »
Emmanuel MIMBÈ.
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