Mon jugement
sur les journalistes du Cameroun est public et a toujours été public - j’ai
grandi entre leurs mains. Je veux dire, depuis plus de trente ans, ce que je
pense d’eux est public. Personnages publics, ils le savent. Peut-être est-il écouté
maintenant par d’autres? Je suis dans cette scène comme écrivain, pour éduquer,
et donc pour émettre un jugement public qui consiste en un côté négatif, mais
aussi en un côté positif. En quelque sorte, je châtie, mais je félicite aussi.
Je viens tout de même de mobiliser à peu près 6 millions de Fcfa, mon temps,
toute mon équipe du Tribunal Article 53, pour célébrer le plus courageux du
journalisme, avec le prix Bibi Ngota du journalisme contre l’impunité - Chi
Elvido de ‘Mutations’, Edith Wirdze de ‘The Post’, et Steven Kiemtore de ‘Sidwaya’
(Burkina Faso) ont été ainsi couronnés, et je suis allé à Douala exprès pour
les féliciter moi-même. En même temps, et c’est le négatif, j’ai présenté un à
un les visages, les figures du cancer qu’est le journalisme dans notre pays: je
me suis arrêté sur Thierry Ngogang de STV, Christophe Bobiokono, le DP de ‘Kalara’,
et bien sur Jean-Baptiste Ketchateng de ‘Cameroon tribune.’ Ca fait 3/3, donc
0-0. Voila ou se trouve mon jugement - dans la neutralité. Evidemment les éclats
de l’interdiction de la remise du prix Bibi Ngota, de ma présentation détaillée
de la criminalité des journalistes de notre pays, éclipsent l’éloge systématique
que je fais, en me basant sur un jury compose de cinq professionnels du métier,
aux lauréats du prix Bibi Ngota de cette année. Mais c’est la vie publique de
notre pays qui le veut. Le négatif attire l’attention beaucoup plus que le
positif.
Il demeure: l’intellectuel
est le compas moral de la société. Pendant trop longtemps, celui-ci a été défini
chez nos par opposition au pouvoir - selon la formule, ‘le prince et le scribe.’
Il suffisait d’avoir quelques predigrees d’opposant pour devenir un
intellectuel, de critiquer Mbiya pour devenir intellectuel. Il suffisait de
dire un ou deux mots contre le pouvoir, pour se dire intellectuel. Je dis, non,
non et non, car a ceux qui le font - et ici je pense à Owona Nguini par exemple
-, il manque l’autre versant, le soutien effectif a ceux qui subissent le
pouvoir, qui sont dans les cachots du pouvoir-la. L’intellectuel critique ceux
qui ont le pouvoir, tous, mais il défend aussi ceux qui ne l’ont pas, tous. Les
deux maillons vont ensemble, toujours ensemble, ne sont jamais sépares, et c’est
seulement ensemble qu’ils transforment le jugement de l’intellectuel en un
jugement moral. Ce pays a en effet besoin d’un ancrage moral. Il a urgemment
besoin d’un ancrage moral. La perte de celui-ci, de cet ancrage moral, le livre
a la racaille des églises de réveil, aux Tsala Essomba comme on peut voir, aux
feymen de la politique, les Mila Assoute, et à la défense du crime contre les
minorités, plante la défense de l’assassinat - par exemple de personnes
homosexuelles - comme un devoir d’Etat. Et n’oublions pas que ce n’est pas
seulement un Tonye Bakot, même un Christian Tumi a mené une marche de centaines
de personnes contre l’homosexualité, jadis a Douala, et ainsi s’est discrédite
comme ancrage moral pour le Cameroun de demain. L’ancrage moral, est fonde sur
le jugement intellectuel, qui lui comme j’ai dit plus haut, est une balance de
critique et d’émulation, de critique du pouvoir et d’encouragement de l’enpouvoir
- empowerment, comme on dit en anglais. La naissance du Nouveau Type de
Camerounais (NTC) en dépend.
Patrice Nganang
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