«Le Gabon sans la France, aimait à dire le "sage" et regretté Albert Bernard Bongo, «c'est une voiture sans chauffeur. La France sans le Gabon, une voiture sans carburant». Le partenariat est sans doute inégal, mais personne n’a contraint son partenaire à accepter des clauses à son désavantage. A titre d’exemple, au XVIe siècle, raconte Bernard Werber dans son remarquable roman consacré aux fourmis, les premiers Européens à débarquer au Japon furent des explorateurs portugais.
Ils abordèrent sur une île japonaise où le gouverneur local se montra fasciné par toutes les nouvelles technologies apportées par les «longs nez». Il s'intéressa tout particulièrement aux arquebuses et en acheta un en échange de soie et de riz. Le gouverneur demanda aussitôt au forgeron de son palais de copier l'arme merveilleuse qu'il venait d'acquérir, mais celui-ci s'avéra incapable de fermer le culot de l'arquebuse. Aussi, lorsque les Portugais revinrent, le gouverneur demanda que leur spécialiste enseigne comment souder la culasse pour qu'elle n'explose pas au moment de la détonation. Les Japonais réussirent ainsi à fabriquer des armes à feu en grande quantité, ce qui bouleversa toutes les règles de la guerre en ce pays. Ce partenariat gagnant-gagnant força le respect du colonisateur.
Qu’a fait le Cameroun pour que le transfert de technologies entre l’occident et le Cameroun sorte des proclamations ? D’où vient-il donc qu’aujourd’hui on essaye par des débats orientés, de cultiver ce sentiment anti-francais qui se développe à travers ‘Afrique Média’, une chaîne de télé qui ne cache pas ses sentiments contre la présence de l’Hexagone au Cameroun? Certes la françafrique est combattue depuis longtemps par des intellectuels du continent noir.
Mais au-delà de la coopération avec le Cameroun dont la France est largement bénéficiaire, les manipulations de fonds profitent plus à nos dirigeants qu’au pays. Selon L’Événement du Jeudi « l’évaporation de 350 millions d’euros pour la période 1988-1993, ainsi que l’évasion fiscale hors du Cameroun, de 3 milliards d’euros donne une idée des sommes détournées ». De plus, l’apport culturel de l’occident et ses avatars sont consommés sans modération par l’élite camerounaise. Toujours au XIè siècle, Lisbonne envoya des jésuites. Les Japonais avaient déjà intégré plusieurs religions et, pour eux, le christianisme n'en était qu'une de plus. Mais l'intolérance des préceptes chrétiens finit par les agacer.
La religion catholique prétendait que toutes les autres religions étaient fausses! Elle affirmait que les ancêtres japonais, rôtissaient en enfer car ils n'avaient pas été baptisés! Les Japonais étaient choqués par autant de sectarisme. Ils tuèrent et torturèrent la plupart des jésuites et massacrèrent leurs compatriotes convertis. Dès lors, les Japonais se coupèrent de toute intrusion occidentale. Sans aller à ces excès, peut-on en dire autant des Camerounais, poreux à toutes cultures étrangères, qui n’arrivent même pas à intégrer leurs langues nationales dans l’enseignement, au même titre que le français, l’anglais, l’allemand, l’espagnol et maintenant le chinois, qui de la langue aux tomates, s‘impose de plus en plus comme le nouvel amant d’un pays qui n’a jamais su être lui-même, qui ne produit rien mais se définit comme consommateur invétéré de la culture et des biens des autres ?
On a beau gloser sur la constance française au Cameroun, sur sa tendance à gérer notre politique intérieure et à contrôler nos ressources minières. Ceux qui fulminent à travers les médias savent bien que le Cameroun a toujours été un département outre-mer depuis la colonisation, avec la complicité active de ses sous-préfets locaux, qui n’ont pu s’imposer que grâce aux coups de pouce de ce partenaire que l’on juge encombrant aujourd’hui. D’aucuns soulignent non sans raison, « l’inobjectivité » et la stérilité de certains secteurs d’aide au développement et y voir à tort, « la misère que vit le Cameroun aujourd’hui découle de la longue coopération qui existe depuis des lustres entre la France et le Cameroun ».
Est-ce rigoureusement exact ? Faut-il alors bouffer du français ? Ne sommes-nous pas responsables de nos propres turpitudes ? Est-ce la France qui doit endiguer à notre place le palu et la polio ? Est-elle responsable de la pénurie d’eau et des délestages ? L’exode rural, l’urbanisation anarchique et le désordre urbain sont-ils le fait de la France ? A qui profitent les retro-commissions copieusement ponctionnés dans les fonds destinés à la construction des ponts, des routes, des hôpitaux, des écoles etc. ? La France était-elle derrière les transactions fumeuses sur l’avion présidentiel ? Est-ce la France qui a distrait les fonds d’indemnisation des 71 morts victimes du crash de l’avion Camair en décembre 1995? La compagnie sud africaine Transnet Saa avait payé plus de 40 milliards Fcfa pour indemniser la Cameroon Airlines du contrat qualifié de mafieux, signé en son nom en 1994. Ce ne sont aucunement des Français, mais des Camerounais bons teints qui ont ‘frappé’ dans ce secteur.
Arbre qui cache la forêt, qui est derrière ce sentiment anti-français dont la dangerosité est évidente pour tous, le conflit ivoirien étant encore frais dans nos mémoires ? A qui profite le crime ? Selon de sources diplomatiques la France compte sur son sol le plus grand nombre de Camerounais immigrés au monde... Au moins 50 000 Camerounais vivent en France, alors que le Cameroun abrite sur son sol à ce jour moins de 5000 Français. Les relations franco-camerounaises sont anciennes. La présence française s’appuie sur une centaine de filiales et quelque 200 entreprises appartenant à des ressortissants français.
Toutefois, la concurrence chinoise et américaine fait reculer les Français. En effet, les experts signalent que « les entreprises chinoises ont causé beaucoup de tort aux intérêts français durant la décennie écoulée en s’appuyant sur une diplomatie du chèque absolument redoutable. En 2011, 'China Exim bank', le bras financier de la diplomatie économique chinoise est devenu le premier créancier du Cameroun, ce qui place les Chinois dans une position quasi dominante sur certains segments du marché camerounais…»
Du côté américain, « en 2011, le volume des échanges entre le Cameroun et les Etats-Unis s’est chiffré à 538 millions USD, un chiffre en constante augmentation. Alors pourquoi cette levée de boucliers contre le pays qui demeure malgré tout notre premier partenaire occidental ? Werber conclut : devant un obstacle, un être humain a pour premier réflexe de se demander: « Pourquoi y a-t-il ce problème et de qui est-ce la faute?» Dans la même situation, la fourmi a pour premier réflexe de se demander: «Comment et avec l'aide de qui vais-je pouvoir le résoudre?» Il y aura toujours une grande différence entre ceux qui se demandent pourquoi et ceux qui se demandent comment.
Bon mercredi et a mercredi
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