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Affaire fuite de "Débat" sur VoxAfrica par Patrice Nganang - Thierry AMOUGOU donne son point de vu

Bonnes fêtes de fin d’année à tous et à toutes !
J’ai l’impression, quand je lis Nganang, qu’il est en pleine contradiction personnelle. En effet, après avoir initié un débat avec Owona Nguini où la gentillesse et les règles élémentaires de bienséance n’étaient nullement de mise, il est curieux que Nganang se plaigne du fait que Nguini ne lui serre pas la main à Yaoundé alors que l’injure, l’invective et la calomnie avaient placé ses échanges médiatiques avec Nguini sur le terrain du pugilat et d’une invitation au duel. Lorsque les Anciens s’invitaient au duel, ils n’espéraient moins de la gentillesse de leurs adversaires que des coups auxquels ils allaient répliquer sans états d’âmes.  On ne peut insulter quelqu’un sur le net et aller lui tendre la main quand on le rencontre au Cameroun. Cela a un nom dans les rapports humains : l’hypocrisie, une chose qui précède parfois le baiser de Judas. Les choses dites par Nganang à l’endroit de Nguini sur le net ne méritaient pas une poignée de main mais de la vigilance de celui-ci au moment de leur rencontre. Ayez un peu de cohérence dans les attitudes et les postures.

Le message de Nganang ne nous apprend rien sur le Cameroun non seulement parce que ce qu’il dit est banal, mais aussi parce que ce message est une façon de « noyer le poisson ». Autrement dit, après avoir pris un RDV avec les organisateurs de l’émission en question pour un débat, Nganang ne savait-il pas que le Cameroun était une tyrannie et qu’il ne pouvait y débattre ? Est-ce uniquement au Cameroun qu’il s’est rendu compte de cet état de fait qui rend incongru tout débat ? Pourquoi s’est-il rendu au RDV le sachant ? Avait-il un autre plan dont les conditions de possibilités de bonne marche n’ont pas été réunies au point de faire marche arrière ? Nous ne le saurons jamais car Nganang oriente le débat vers les problèmes de la société camerounaise alors que cette société camerounaise, ses politiques et ses journalistes étaient déjà les mêmes quand ils avaient accepté le débat avec Nguini.


Les journalistes que critique Nganang peuvent-il faire mieux dans cette tyrannie camerounaise ? Nganang semble oublier que la tyrannie dont il parle autorise aussi uniquement ces journalistes-là qui, lorsqu’ils ne peuvent faire mieux, sont très souvent des maillons de la même tyrannie. Qu’elle est donc cette critique qui reproche aux journalistes camerounais de pas faire ce qu’ils ne peuvent pas faire à cause de la tyrannie ? On se mort la queue !

En outre, comment peut-on dire des âneries sur Éboussi Boulaga pour sa promotion il y a quelques temps et s’adosser sur lui aujourd’hui quand on veut une échappatoire dans une mauvaise passe ? Cela s’appelle de la manipulation ! Cher Nganang, Fabien Éboussi Boulaga devient-il le plus grand philosophe camerounais uniquement quand tu l’utilises pour te dédouaner alors qu’il ne vaut rien quand tu rêves être ce qu’il est ?

En lisant ce message j’arrive à la conclusion que Nganang ne doit plus écrire un mot tant que la tyrannie est toujours en place au Cameroun car continuer à écrire reviendrait à dire qu’il se contredit via son texte. En fait si la tyrannie disqualifie tout débat, elle disqualifie aussi tout écrit car le débat ne se fait pas seulement par la parole mais aussi via les écrits. Nganang, si on suit sa logique, doit attendre que le peuple camerounais soit libre pour décerner le prix Bibi Ngota car d’après son analyse, ce prix qui, dans sa forme symbolique, est une mise en débat du rôle et de la fonction du journaliste au Cameroun, n’a aucun sens.

Écrivain, Nganang est sans ignorer que tout écrit, toute publication est un débat public et privé que l’on ouvre avec les peuples et les lecteurs. Nganang semble donc oublier que tenir un débat même imparfait au sein d’une tyrannie ou d’une dictature, contribue aux activités de libération d’un peuple. Il ne faut pas attendre qu’un peuple soit libéré pour faire des débats même imparfaits car derrière toute libération, il y a toujours un mouvement culturel et intellectuel qui, malgré la tyrannie, maintient l’indocilité de la pensée en participant au processus de formation des opinions. C’est sur ce processus de formation des opinions que s’adossent très souvent le processus d’actions qui libèrent le peuple. Dire que le débat n’a pas de sens dans une tyrannie signifie qu’on a rien compris du rôle du débat même imparfait en tyrannie. Que ceux qui veulent se renseigner sur ce thème lisent « Les origines culturelles de la révolution française » pour se rendre compte du rôle crucial joué par des débats intellectuels clandestins entre intellectuels et autres acteurs sociaux. C’est pendant et dans la tyrannie que le travail intellectuel de libération se fait et non quand les débats deviennent bénis des dieux de la démocratie.  Si nous voulons libérer le Cameroun, nous ne devons pas baisser pavillon sous prétexte d’imperfection du contexte politique. Des débats doivent se faire même dans les caves car de ces caves sortiront quelques bribes qui ne tomberont pas dans les oreilles de sourds. C’est cela aussi prendre ses responsabilités en dictature car si le débat en tyrannie est dénaturé, ceux qui vivent en démocratie se plaignent aussi chaque de la nature manipulée des débats. La culture du débat  que tu admire en "démocraties"ne tombe pas du ciel. Elle s'est construite par des hommes qui ont accepté de tenir des débats imparfaits et d'en faire des instruments de combat contre la tyrannie.

Très cordialement.

Thierry AMOUGOU
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